Coupures 1280
Théâtre

Coupures

Paul-Éloi Forget & Samuel Valensi

Défendre un théâtre engagé est la marque de fabrique de la compagnie La Poursuite du Bleu, impliquée dans le rapport porté par The Shift Project « Décarbonons la Culture! ». Avec Coupures, elle nous offre une comédie satirique sur la place que le public occupe, ou plutôt – dira-t-on – n’occupe pas, dans le débat démocratique.

Coupures 1000 1
Coupures 1000 2
Coupures 3
Lieu
  • Châteauvallon
  • Théâtre couvert
Accessibilité
  • Pour tous
    • dès 13 ans
  • Dates Durée 1h30
  • jeudi 16 mai 2024 20:30
Tarifs
  • Plein tarif 30 €
  • Tarif adulte avec la carte Châteauvallon-Liberté 20 €
  • Tarif - 30 ans 15 €
  • Tarif - 18 ans 10 €
  • Tarif solidaire 5 €

Avec la Carte Châteauvallon-Liberté, votre 6ème place de spectacle est offerte !

Informations pratiques

Frédéric, maire d’une petite commune, se démène pour sa ville. Écologiste, il ne manque pas de projets : recyclage, circuits court, pistes cyclables… Mais un soir, ses administrés furieux le convoquent. Comment a-t-il pu accepter seul et dans le plus grand secret, le déploiement de la dernière génération d’antennes-relais ? Ce sujet d’actualité a suscité bien des débats en France. Au plateau, six artistes interprètent dans une énergie folle, autant de personnages qu’il y a de voix dissonantes, de la préfète à l’agriculteur, de l’huissier à l’adjoint à l’urbanisme. Ça parle de l’écologie. C’est cruel. C’est ironique. Et c’est dangereusement à l’image de notre démocratie.

Texte Paul-Éloi Forget et Samuel Valensi
Mise en scène Paul-Éloi Forget et Samuel Valensi
Avec June Assal, Michel Derville, Paul-Éloi Forget, Valérie Moinet, Samuel Valensi et Lison Favard en alternance avec Emelyne Chirol
Direction musicale Lison Favard
Création sonore Julien Lafosse
Création lumières Angélique Bourcet
Scénographie Julie Mahieu
Création vidéo Florian Moreau
Collaboration artistique Nathalie Juvet
Direction technique Bastien Gérard

Production La Poursuite du Bleu | Lucy Decronumbourg
Assistante de production Clémentine Armand
Relations presse Pascal Zelcer
Communication Mathilde Caud
Diffusion Séverine Grenier

Photos © Jules Despretz
Texte © Vanessa Asse

Le Public – Merci de laisser une telle place au public dans votre note d’intention.
Paul-Eloi – Ça nous semblait tout naturel.
Samuel – Absolument !
Le Public – Commençons : d’où vous est venue l’idée de Coupures ?
Samuel – Ça fait un moment qu’on a envie de traiter de l’état de notre démocratie et le débat qui a eu lieu autour de la 5G nous a beaucoup inspiré.
Paul-Eloi – Notamment parce que les discussions se sont cristallisées autour de sujets techniques, sociaux ou sanitaires. Mais ce qui nous choquait le plus était l’absence de débat démocratique : le grand public a beau être le premier concerné, il n’a pas été consulté.
Le Public – Mais le grand public a-t-il été consulté pour l’écriture de ce dossier de presse ?
Paul-Eloi – Bien sûr que non.
Samuel – C’est tout notre propos.
Paul-Eloi – Pour autant, nous cherchions à l’inclure, à créer une forme qui ne pouvait se produire qu’avec des spectateurs présents dans une salle.
Le Public – C’est donc un spectacle participatif ?
Paul-Eloi – Non.
Le Public – Non ?!
Paul-Eloi – Non.
Samuel – Mais ça ne pouvait se faire qu’au théâtre !
Paul-Eloi – Paradoxalement, pour vous montrer ce à quoi vous ne participez pas, il fallait absolument que vous soyez présents pour participer.
Samuel – C’est un spectacle presque participatif sur l’état de notre presque démocratie.
Paul-Eloi – En général, le terme « participatif » est illusoire au théâtre. Le plus souvent, il est utilisé pour des spectacles « interactifs » où le public peut choisir parmi des trames mais, même s’il les choisit, ces trames sont toujours écrites par quelqu’un d’autre.
Samuel – Ce qui va réellement se passer lui échappe. Comme quand on vote.
Paul-Eloi – Résultat : on peut faire dire au public n’importe quoi.
Le Public – Un peu comme maintenant, finalement ?
Samuel & Paul-Eloi – Exactement.
Le Public – Pourquoi Coupures au pluriel ?
Paul-Eloi – Vous êtes décidément un grand observateur.
Le Public – Merci.
Samuel – Parce que plus on étudiait le sujet et plus on avait l’impression d’une solitude commune. Les citoyens ne supportent plus que les élus trahissent leurs promesses. Les élus ne supportent plus le fait que des non-élus – préfets, secrétaires d’État, entreprises privées, experts – décident à leur place.
Paul-Eloi – C’est aussi la coupure entre les lieux de pouvoir et les gens qui sont en bout de chaîne, qui subissent des décisions qu’ils ne comprennent pas. C’est ce qui crée la rencontre de personnages qui ne parlent pas la même langue. Ça crée de l’ironie, de la cruauté, du conflit… c’est là qu’il peut y avoir du théâtre.
Le Public – La solitude dont vous parlez est particulièrement perceptible chez votre personnage principal. Pourquoi raconter toute cette histoire depuis le point de vue d’un maire de petite commune rurale ?
Paul-Eloi – Parce que nous voulions incarner les conflits de notre temps à une échelle accessible.
Samuel – À l’échelle d’une petite commune rurale, l’arrivée d’antennes relais est un bouleversement. Contrairement à celles posées sur les toits des grandes villes, on les voit !
Paul-Eloi – Et dans une petite commune, tout le monde se connaît, les enjeux humains prennent vite le pas sur les enjeux techniques.
Samuel – C’est pour ça que nous avons imaginé ce maire pris dans un dilemme moral, déchiré entre l’exploitation agricole de sa famille et les promesses faites à ses concitoyens, intérêts personnels et intérêt général, économie et écologie.
Paul-Eloi – Ce jeune élu, idéaliste, se retrouve pris dans une tempête qui le dépasse, confronté à des niveaux de pouvoir qu’il n’a pas l’habitude de fréquenter. Tout cela va bouleverser ses convictions et progressivement l’isoler de ses proches comme de ses habitants.
Le Public – Il y a dans votre spectacle deux temporalités. Une temporalité présente où le dialogue existe avec le public. Une temporalité passée, racontée par le personnage principal, où les spectateurs sont impuissants derrière un quatrième mur. Pourquoi ce choix ?
Samuel – C’est une excellente question !
Paul-Eloi – Nous voulions d’un côté appeler le public à décider et, de l’autre, montrer toutes les décisions qui, jusqu’à maintenant, se sont prises sans lui.
Le Public – La mise en scène est d’ailleurs radicalement différente entre ces deux temporalités !
Paul-Eloi – Oui ! Le temps présent est traité dans une unité parfaite de lieu comme de temps. Le public y est un interlocuteur mis en lumière.
Samuel – Le temps passé est, quant à lui, traité avec des changements permanents d’espaces et de nombreuses ellipses. Comme au cinéma !
Paul-Eloi – Et puisqu’au cinéma, le public n’a rien à dire – et d’ailleurs, jusqu’ici, personne ne s’en est jamais plaint : on éteint la salle.
Samuel – Et dans la mesure où il n’a rien à dire et que toute cette histoire nous est racontée du point de vue du personnage principal, les codes de jeu évoluent, deviennent de plus en plus monstrueux et surréalistes.
Paul-Eloi – Nous y déployons donc d’autres moyens techniques qui nous plongent dans le récit : musique au plateau, sonorisation, changements de personnages et manipulations de machineries ou de lumières à vue du public, utilisations de procédés vidéo…
Le Public – J’ai trouvé ça très intéressant.
Paul-Eloi & Samuel – On ne vous demande pas votre avis.
Samuel – Pas dans cette partie-là.
Paul-Eloi – Non.
Le Public mal à l’aise – Très bien.
C’est à se demander pourquoi vous m’accordez cet échange.
Samuel – Parce qu’on aimerait vous promettre une chose…
Paul-Eloi – dans ce spectacle…
Paul-Eloi & Samuel – vous aurez toujours le mot de la fin.
Le Public – Ah bon ?

Paul-Eloi Forget et Samuel Valensi

Une mise en scène virevoltante […] un spectacle drôle et émouvant qui ne renonce pas à la prétention de faire réfléchir le spectateur. L’Usine Nouvelle

Une énergie folle et beaucoup d’humour. Franceinfo

Originale, joliment sarcastique, vif-argent (…) Que reste-t-il de la démocratie quand le débat n’est plus que simulacre ? Là est la question, très politique, très actuelle, traitée ici avec brio. Bravo ! Le Canard Enchaîné

Paul-Éloi Forget

Paul-Éloi Forget est reçu à l’ESAD en 2013. En parallèle de sa formation, il fait la rencontre de Paul Balagué qui l’invitera à rejoindre la Compagnie en Eaux Troubles. Il participe alors à la création de Des Souris et des Hommes où il rencontre Samuel Valensi. En 2015, il participe en tant que comédien à la création de Merlin, spectacle de neuf heures mis en scène par Paul Balagué et produit par Samuel Valensi au Théâtre du Soleil. Il a activement travaillé avec ce dernier et La Poursuite du Bleu en tant que comédien, tant sur la création de L’Inversion de la courbe au Théâtre de Belleville en 2017, que sur la création de Melone Blu au Théâtre 13 en 2019.

En 2019, il est comédien et acrobate dans Les Troyens de Berlioz, mis en scène par Dimitri Tcherniakov à l’Opéra national de Paris. Il collabore fréquemment avec Damien Babikian tant dans de nombreux courts métrages que pour Le Vrai Média, journal parodique et satirique diffusé sur la chaîne Le Média. Dans Coupures, il se partage entre l’écriture et la mise en scène en duo avec Samuel Valensi, et le jeu. Ensemble, ils préparent une création sur le thème de la désindustrialisation, Shitstorm.

Samuel Valensi

Samuel Valensi est auteur et metteur en scène.
Il est diplômé de HEC Paris et a obtenu une licence de Philosophie à la Sorbonne Paris IV. Il a débuté comme assistant de Philippe Tesson à la production du Théâtre de Poche-Montparnasse. En 2014, il a fondé la compagnie La Poursuite du Bleu, avec laquelle il a assuré la production de Merlin au Théâtre du Soleil. Puis il a écrit et mis en scène sa première pièce, L’Inversion de la courbe, créée au Théâtre de Belleville en 2017 puis reprise en 2018 et 2021 dans le même lieu. Il poursuit dans l’écriture et la mise en scène avec Melone Blu, créé au Théâtre 13 – Seine en 2019, spectacle coup de cœur de la Fondation Nicolas Hulot et pour lequel il a reçu le prix jeune talent FORTE 2019 de la Région Île-de-France. Il a travaillé en tant que comédien et compositeur pour plusieurs spectacles dont Des Souris et des Hommes mis en scène par Paul Balagué et L’envol 1946 mis en scène par Juliette Moltes.

Il participe activement aux rapports du Think Tank « The Shift Project », fondé par Jean-Marc Jancovici, où il est coresponsable du secteur culturel. Il y mène un travail de recherche et de documentation sur la transition écologique dans la culture.

Coupures est sa troisième création, en co-écriture et mise en scène partagée avec Paul-Eloi Forget.
Ensemble, ils préparent une création sur le thème de la désindustrialisation, Shitstorm.