CROWD
Danse

Crowd

Gisèle Vienne

Avec Crowd, Gisèle Vienne nous plonge en immersion dans une free party et en profite pour ausculter notre part d’ombre et notre besoin de violence, nos émotions et notre recherche de sensualité. Un spectacle entre la danse et le théâtre où quinze personnages partagent le même désir d’exaltation.

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Lieu
  • Châteauvallon
  • Théâtre couvert
Accessibilité
  • Pour tous
    • dès 16 ans
  • Dates Durée 1h30
  • mardi 14 mars 2023 20:30
Tarif A
  • Plein tarif 29 €
  • Tarif préférentiel 21 €
  • Tarif avec la Carte Encore 21 €
  • Tarif formule 3 spectacles et + 20 €
  • Tarif formule 10 spectacles et + 18 €
  • Tarif demandeur d'emploi 16 €
  • Tarif jeune (- de 30 ans et étudiants) 11 €
  • Tarif solidaire 5 €
Informations pratiques

Il y a quelque chose de cinématographique dans cette œuvre de Gisèle Vienne. La mise en scène s’approprie les codes contemporains de la vidéo, et par moment, l’action passe en slow motion, elle s’accélère, se saccade ou se rejoue à l’envers. Si cette fiction visuelle se dérègle c’est pour mettre en lumière tel ou tel aspect d’une interaction ou d’une émotion. L’émotion est justement au cœur de cette expérience festive, à la fois individuelle et collective. Captivé, le public assiste quasiment à des scènes de transe où s’expriment des sentiments exacerbés sur fond de techno. Des morceaux pointus sélectionnés parmi « les sonorités qui ont excité nos sens les quarante dernières années ». L’écriture de cette pièce rappelle le travail de mixage en musique, mais ici ce sont les narrations qui sont mélangées. L’auteur américain Dennis Cooper, aux côtés de Gisèle Vienne depuis 2004, s’est inspiré du vécu des interprètes pour construire de multiples scénarios, sans réellement les dévoiler. Comme pour laisser l’imaginaire du spectateur s’en emparer. À cette fête païenne, nous sommes tous invités à vivre une expérience collective ou à combler notre besoin de spiritualité.

Conception, chorégraphie et scénographie Gisèle Vienne
Avec Philip Berlin, Marine Chesnais, Sylvain Decloitre, Sophie Demeyer, Vincent Dupuy, Massimo Fusco, Rehin Hollant, Oskar Landström, Theo Livesey, Katia Petrowick, Jonathan Schatz et Henrietta Wallberg en alternance avec Lucas Bassereau, Morgane Bonis, Nuria Guiu Sagarra, Georges Labbat, Maya Masse et Linn Ragnarsson
Assistanat Anja Röttgerkamp et Nuria Guiu Sagarra
Dramaturgie Gisèle Vienne et Dennis Cooper
Musique Underground Resistance, KTL, Vapour Space, DJ Rolando, Drexciya, The Martian, Choice, Jeff Mills, Peter Rehberg, Manuel Göttsching, Sun Electric et Global Communication
Costumes Gisèle Vienne en collaboration avec Camille Queval et les interprètes
Montage et sélection des musiques Peter Rehberg
Conception de la diffusion du son Stephen O’Malley
Ingénieur son Adrien Michel et Mareike Trillhaas
Régie générale Erik Houllier
Régie plateau Antoine Hordé
Régie lumière Arnaud Lavisse et Samuel Dosière
Lumières Patrick Riou

Production DACM
Coproduction Nanterre-Amandiers, centre dramatique national / Maillon, Théâtre de Strasbourg – Scène européenne / Wiener Festwochen / manège, scène nationale – reims / Théâtre national de Bretagne / Centre Dramatique National Orléans/Loiret/Centre / La Filature, Scène nationale – Mulhouse / BIT Teatergarasjen, Bergen.
Soutien CCN2 – Centre Chorégraphique national de Grenoble / CND Centre national de la danse
La Compagnie Gisèle Vienne est conventionnée par le Ministère de la culture et de la communicationDRAC Grand Est, la Région Grand Est et la Ville de Strasbourg.
La compagnie reçoit le soutien régulier de l’Institut Français pour ses tournées à l’étranger.
Gisèle Vienne est artiste associée à Chaillot – théâtre national de la danse, à la MC2 : Grenoble, au Volcan et au Théâtre National de Bretagne à Rennes
Production et diffusion Alma Office Anne-Lise Gobin, Alix Sarrade, Camille Queval & Andrea Kerr Administration Etienne Hunsinger & Giovanna Rua
Remerciements à Louise Bentkowski, Dominique Brun, Zac Farley, Uta Gebert, Margret Sara Guðjónsdóttir, Isabelle Piechaczyk, Arco Renz, Jean-Paul Vienne et Dorothéa Vienne-Pollak

Photo de couverture et photos 1 et 2 © Estelle Hanania
Photos 3 et 4 © Mathilde Darel
Texte © Marie Minair

Passionnée par l’hypnose et la transe, elle ficelle avec Crowd une synthèse stupéfiante de ses obsessions, plongeant dans un monde mental et physique parallèle dont on s’extirpe comme d’un cauchemar.  Rosita Boisseau — Le Monde

Fenêtre ouverte sur des communautés qui font de la transe dansée leur raison d’être, ce spectacle recèle des arrêts sur image splendides. Emmanuelle Bouchez — Télérama

Aucun détail n’est laissé au hasard. La chorégraphie mesure, avec une précision diabolique, la temporalité de chaque micro-seconde, qu’il s’agisse de mouvements coulés, enveloppés, désarticulés arrêtés ou saccadés, tissant des histoires individuelles, des rituels collectifs dans un espace qui se restreint. Agnès Izrine — La Terrasse

Avec Crowd, vous poursuivez la réflexion sur l’investigation de nos univers fantasmatiques et le rapport de l’art au sacré, qui caractérise vos spectacles depuis vos débuts. Mais n’est-ce pas la première fois que vous abordez ce sujet dans sa dimension collective, avec un aussi grand nombre d’interprètes ?

Gisèle Vienne — Jusqu’à The Pyre (2013), mes pièces, quel que soit le nombre d’interprètes, traitaient beaucoup de l’espace intime et d’intimités superposées, à travers des personnes souvent assez isolées. Après The Ventriloquists Convention (2015), c’est la deuxième fois que je mets en scène un groupe dont les interactions et la sociabilité sont un enjeu central. Ce groupe est certes très différent de celui de la convention de ventriloquie, puisque c’est un groupe de jeunes gens réunis dans un désir d’exaltation des sentiments, autour d’un intérêt partagé pour un genre musical, la techno. Le contexte choisi étant celui d’une fête. La mise en scène du groupe intègre bien sûr la question de l’intimité et de ses rapports au groupe, et le rapport des émotions individuelles et collectives. Depuis mes débuts, je m’intéresse aux questions posées par les sociologues, les anthropologues, les philosophes sur le rapport de l’art au religieux et sur tout ce qui serait de l’ordre des pensées et sentiments inconvenants, de leurs espaces d’expressions archaïques et contemporains existants et possibles. Que ce soit l’érotisme, la mort, la violence, par exemple, il s’agit de sujets qui préoccupent chacun d’entre nous et qui peuvent perturber, voire mettre en péril la collectivité selon la manière dont ils s’expriment. Avec Crowd, ce sont souvent les aspects jubilatoires et exutoires de l’expression de sentiments exacerbés qui se développent, à travers le désir et l’envie complexe d’amour. Les personnes, faisant communauté, qui vont à cette fête, sont disposées à traverser des expériences émotionnelles particulièrement fortes, de tout type, et arrivent dans un état où leurs sens sont déjà très excités. Ce groupe s’exalte à travers une pièce dont la structure et certains comportements évoquent de nombreux rituels. Face à ce grand huit émotionnel, les spectateurs peuvent également être dans un rapport très physique et très sensible à la pièce.

Quelle est la place de la musique dans ce spectacle ?

G. V. —Peter Rehberg, qui a une excellente connaissance de la musique électronique, m’a proposé un certain nombre de musiques, à partir desquelles j’ai réalisé une sélection pour la pièce, il a ensuite travaillé finement leur agencement. Il me semblait intéressant, en effet, que cette sélection ait une vraie pertinence historique, qu’elle soit composée de morceaux signifiants pour l’histoire de la musique électronique : des œuvres de musiciens marquants de la scène de Detroit entre autres, avec Jeff Mills et d’autres artistes d’Underground Resistance à Manuel Göttsching, par exemple. Il s’agissait de balayer également une sélection significative des sonorités qui excitent nos sens depuis les quarante dernières années. Outre cette sélection de morceaux, présente durant la majeure partie de la pièce, il y a également un morceau original créé par KTL (Stephen O’Malley et Peter Rehberg) et un autre, de Peter Rehberg.

Quant au texte de Dennis Cooper, quel est son statut ?

G. V. —Vous parlez vous-même de « sous-texte »…
Les pièces, pour ne pas dire le monde, sont constituées de différentes couches de textes. La langue n’est pas qu’à l’endroit de l’audible. Dans Jerk (2008), où le comédien parle du début à la fin, on pose des questions très voisines d’I Apologize (2004), où ce même comédien ne dit pas un mot du début à la fin. Ce qui nous passionne, Dennis Cooper et moi, depuis le début de notre très longue collaboration, c’est d’essayer de réinventer, avec chaque projet, de nouveaux rapports au texte, à la langue, à la parole, à la narration et de nouvelles manières d’écrire pour la scène. Le « sous-texte » de Crowd est un texte qui n’est pas audible mais en partie intelligible. Dans Crowd, les quinze danseurs, sur scène, sont aussi des personnes dont la psychologie, l’imagination, les sentiments et l’histoire sont des composantes essentielles de la pièce. Nous travaillons la dimension narrative et psychologique de chacune de ces personnes très différentes. Lorsque l’on observe une fête, il y a énormément d’« histoires » qui se déroulent sous nos yeux : ce sont ces histoires et ces portraits de personnes que Dennis développe à partir du travail réalisé avec les interprètes, qui affinent et influencent l’écriture de la pièce. L’écriture de cette pièce rappelle le travail de mixage en musique, il s’agit là un mixage de narrations, comme si vous aviez quinze pistes musicales dont vous moduliez les volumes respectifs, composition qui laisse également au spectateur une part déterminante dans la manière dont il va voir et traverser la pièce.

Cette dissociation des plans – rêve/réalité, réel/fantasme –, qui produit un sentiment de distorsion du temps, est une autre caractéristique de votre travail…

G. V. — Crowd a un potentiel formel très riche, une des composantes centrales de ce type d’écriture se fait à travers la stylisation multiple des mouvements et leur montage. Cette stylisation n’est pas une imitation de ces mouvements retouchés, mais une interprétation très intime motivée par les émotions et les intentions qui peuvent animer les interprètes, leur écoute et leur grande réception de ce qui se déploie autour d’eux. J’opère également des subdivisions, à certains moments les danseurs vont être dans un même type de stylisation, une langue commune, à d’autres, ils seront dans un type de gestuelle différent. Cela crée des vibrations rythmiques et musicales très riches, qui génèrent une légère altération de la perception, qui n’est pas sans rappeler un sentiment hallucinatoire ou hypnotisant tout en produisant du sens. En effet, cette écriture musicale et chorégraphique permet, en soi, de développer une écriture narrative. Ces jeux rythmiques provoquent une sensation très forte de distorsion temporelle. Ces distorsions sont très dynamiques et, en même temps, étirent le temps, permettant de regarder les personnes et situations à la loupe et de disséquer les détails de leurs actions. Différentes temporalités se superposent, à travers les mouvements même, mais aussi dans leur rapport à la musique et à la lumière, dont le rapport au temps diffère presque constamment.

Propos recueillis par David Sanson pour le Festival d’Automne à Paris 2017

Gisèle Vienne est une artiste, chorégraphe et metteure en scène franco-autrichienne. Après des études de philosophie et de musique, elle se forme à l’École Supérieure Nationale des Arts de la Marionnette. Elle travaille depuis régulièrement avec, entre autres collaborateurs, l’écrivain Dennis Cooper.

Depuis 20 ans, ses mises en scènes et chorégraphies tournent en Europe et sont présentées régulièrement en Asie et en Amérique, parmi lesquelles I Apologize (2004), Kindertotenlieder (2007), Jerk (2008) This is how you will disappear (2010), LAST SPRING : A Prequel (2011), The Ventriloquists Convention (2015) et Crowd (2017). En 2020 elle crée avec Étienne Bideau-Rey une quatrième version de Showroomdummies au Rohm Theater Kyoto, pièce initialement créée en 2001. En 2021 elle réalise le film Jerk.

Gisèle Vienne expose régulièrement ses photographies et installations dans des musées dont le Whitney Museum de New York, le Centre Pompidou, au Museo Nacional de Bellas Artes de Buenos Aires. Elle a publié deux livres Jerk / Through Their Tears en collaboration avec Dennis Cooper, Peter Rehberg et Jonathan Capdevielle en 2011, et 40 Portraits 2003-2008, en collaboration avec Dennis Cooper et Pierre Dourthe en février 2012. Son travail a fait l’objet de plusieurs publications et, les musiques originales de ses pièces, de plusieurs albums.

Son dernier spectacle L’Étang, d’après le texte de Robert Walser Der Teich, a été créé en résidence au TNB à Rennes en novembre 2020.

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