Diari d'amore 1280
Théâtre

Diari d’Amore

Dialogo (Dialogue) & Fragola e Panna (Fraise et Crème)

Difficile de dissimuler plaisir, curiosité et excitation à l’idée de découvrir la première mise en scène de l’immense réalisateur italien Nanni Moretti ! Il traite ici d’un sujet dont il est devenu maître : ce que nos vies quotidiennes racontent des diktats sociaux que nous subissons.

Lieu
  • Le Liberté
  • Salle Albert Camus
Accessibilité
  • Pour tous
    • dès 14 ans
    • Spectacle en italien surtitré en français
  • Dates Durée 1h30
  • mardi 12 décembre 2023 20:30
  • mercredi 13 décembre 2023 20:30
Tarifs
  • Plein tarif 30 €
  • Tarif adulte avec la carte Châteauvallon-Liberté 20 €
  • Tarif - 30 ans 15 €
  • Tarif - 18 ans 10 €
  • Tarif solidaire 5 €

Avec la Carte Châteauvallon-Liberté, votre 6ème place de spectacle est offerte !

Informations pratiques

Cinq actrices et acteurs sur le plateau affrontent ce que Natalia Ginzburg nomme « l’Effroi » qui pourrait correspondre à la page blanche de l’écrivain, se situant quelque part dans le décalage entre l’intimité d’une parole écrite et sa mise en scène devant un public. Si Nanni Moretti s’empare de textes de choix de Natalia Ginzburg, c’est pour en faire le miroir de nos vies. De même qu’il le fait avec brio dans son cinéma, il déconstruit ici avec méthode, finesse et humour, les valeurs de la bourgeoisie. Mariage, fidélité, maternité, amitié: tout y passe, sur le ton d’une futilité qui révèle la fragilité de ces piliers. Entre scènes sentimentales, conflits sans fin et anecdotes tumultueuses, ce sont autant d’hommes et de femmes désenchantés, aux valeurs éthiques inconsistantes, qui se dessinent au cœur de ces grappes familiales. Devant cet implacable constat de la fin d’un monde, Nanni Moretti s’amuse à troubler les codes entre tragédie et comédie.

Coproduction Châteauvallon-Liberté

Textes Natalia Ginzburg
Mise en scène Nanni Moretti
Avec Valerio Binasco, Daria Deflorian, Alessia Giuliani, Arianna Pozzoli et Giorgia Senesi
Scénographie Sergio Tramonti
Lumières Pasquale Mari
Costumes Silvia Segoloni
Assistanat à la mise en scène Martina Badiluzzi
Directrice de production Gaia Silvestrini

 

Production déléguée Carnezzeria
Coproduction Châteauvallon-Liberté, scène nationale / Teatro Stabile di Torino – Teatro Nazionale / Teatro di Napoli – Teatro Nazionale / ERT Teatro Nazionale / LAC Lugano /  TNP Théâtre National Populaire, Villeurbanne / La Criée, Théâtre National de Marseille / Maison de la Culture d’Amiens
Diffusion Aldo Miguel Grompone

 

Photos Nanni Moretti © Sacher Film
Photos © Luigi De Palma
Texte © Mélanie Drouère

Nanni Moretti

Nanni Moretti est née le 19 août 1953 à Brunico, dans la province de Bolzano. Il passe son enfance à Rome. A la sortie du lycée classique, Nanni achète une caméra Super 8 avec laquelle, en 1973, il tourne deux courts-métrages : La défaite et Pâté de bourgeois. Ces deux courts-métrages marquent déjà ses débuts officiels dans le monde du cinéma, en participant à la Mostra de Venise. En 1976, Nanni Moretti sort son premier long métrage, Je suis un autarcique, dans lequel le personnage de Michele Apicella, qui sera son alter ego dans plusieurs de ses films, fait sa première apparition. Le film reste à l’affiche pendant plusieurs mois et remporte un grand succès auprès du public et de la critique.

En moins de deux ans la popularité de Nanni Moretti franchit les frontières nationales, conquérant le public français, avec Ecce bombo (1978), en compétition au Festival de Cannes. 1981 est l’année de Sogni d’oro, qui remporte le Prix spécial du Jury à la Mostra de Venise, présidée par Italo Calvino. Les films Bianca en 1983 et La messe est terminée en 1985 marquent le succès international définitif de Nanni Moretti, qui remporte pour ce film l’Ours d’argent à Berlin. En 1986, il fonde Sacher Film, une société de production, avec Angelo Barbagallo. Le premier film produit est Nuit italienne de Carlo Mazzacurati, présenté en 1987 à Venise ; l’année suivante, c’est au tour de Domani, domani, la première œuvre de Daniele Luchetti. Palombella rossa sort en 1989, présenté à Venise dans le cadre de la Semaine de la Critique.

En 1990, Nanni signe son premier documentaire, La cosa, sur le débat interne du Parti communiste italien qui conduira à la naissance du PDS. Journal intime, le septième long métrage de Nanni Moretti, est un énorme succès qui remporte entre autres le Ruban d’argent, le Prix du meilleur réalisateur à Cannes, le David di Donatello et le Prix de la critique à Berlin. Nanni Moretti réalise de nombreux autres films, tels que Aprile (1998), La Chambre du fils (2001), Le Caïman (2006, Palme d’or au Festival de Cannes), Habemus Papam (2011), Mia madre (2015) et Tre piani (2021). En 2023, il signe sa première mise en scène pour le théâtre, Diari d’Amore.

Natalia Ginzburg

Natalia Ginzburg, née Levi (Palerme 1916 – Rome 1991) est une figure majeure de la littérature italienne du XXe siècle. Elle raconte sa première jeunesse dans quelques textes autobiographiques, dont I baffi bianchi (dans Mai devi domandarmi, 1970). Elle fait ses débuts en 1933 avec son premier récit, I bambini, publié par le magazine Solaria. En 1938, elle épouse Leone Ginzburg, du nom duquel elle signera plus tard toutes ses œuvres. Elle noue des liens avec les grands représentants de l’antifascisme turinois, notamment avec les intellectuels de la maison d’édition Einaudi avec laquelle son mari, professeur de littérature russe, a collaboré. En 1940, elle suit son mari dans les Abruzzes (région d’Italie) en détention pour des raisons politiques et raciales, où elle restera jusqu’en 1943.

En 1943, elle publie son premier roman, La Route qui mène à la ville, sous un pseudonyme, qui sera réimprimé à son nom en 1945. En février 1944, son mari est torturé et tué dans la prison romaine de Regina Coeli. En 1947 paraît son deuxième roman, C’est ainsi que cela s’est passé, pour lequel elle remporte le prix littéraire Tempo. En 1952, elle publie Tous nos hiers ; en 1957, Valentino et Sagittarius ; en 1961, Les voix du soir ; en 1962, Les petites vertus. Elle remporte en 1963 le prix Strega avec Les mots de la tribu, un mémoire qui rencontre un vif succès critique et public. En 1974, elle sort Vita immaginaria.

Les thèmes du microcosme familial reviennent avec le roman Caro Michele en 1973, avec le récit Famiglia en 1977 et avec le roman épistolaire La Ville et la maison en 1984. Également auteure de théâtre, Natalia Ginzburg signe quelques comédies célèbres telles que Je t’ai épousé pour la joie (1965) ; L’inserzione (1968), représentée au National Theatre de Londres avec le titre The Advertisement ; Fraise et crème (1966) ; Le secrétaire (1967) ; Dialogue (1970) ; Ville balnéaire (1968) ; La perruque (1971) ; La mauvaise porte (1968) ; Le fauteuil (1985) ; L’interview, écrite pour Giulia Lazzarini en 1988 ; Le Cormoran, créé en 1991 au Mittelfest.

Les protagonistes des comédies de Ginzburg sont des gens inconscients de la réalité et d’eux-mêmes, des hommes et des femmes sans enthousiasme et sans grande capacité à s’en sortir. C’est une représentation de la famille qui montre et parfois anticipe l’évolution de la société italienne et auxquels beaucoup peuvent encore s’identifier. Ce sont des comédies avec une tristesse sous-jacente, mais qui faisaient et font toujours rire. Le bonheur, plus que dans les personnages, est dans les mots avec lesquels les destins des relations entre hommes et femmes, entre individu et individu se jouent de manière légère. Cette attention linguistique et l’invention d’un italien parlé musicalement, inhabituel dans notre théâtre, font de Natalia Ginzburg un auteur peu éloigné des maîtres européens du dialogue comme Beckett, Pinter, ou Compton-Burnett.

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