Théâtre

Évangile de la Nature

Lucrèce — Christophe Perton

Le grand poème latin qui prône un retour à la nature face aux peurs et préjugés inculqués par la société résonne très sensiblement avec nos crises d’aujourd’hui. C’est par le charisme du comédien Stanislas Nordey que Christophe Perton nous donne à entendre les multiples échos.

Lieu
  • Le Liberté
  • Salle Fanny Ardant
Accessibilité
  • Pour toutes et tous
    • dès 14 ans
  • Dates Durée 1h35
  • mardi 19 mars 2024 20:00
  • mercredi 20 mars 2024 20:00
  • jeudi 21 mars 2024 20:00
  • vendredi 22 mars 2024 20:00
  • samedi 23 mars 2024 20:00
Tarifs
  • Plein tarif 30 €
  • Tarif adulte avec la carte Châteauvallon-Liberté 20 €
  • Tarif partenaire (CSE et Associations culturelles partenaires) 20 €
  • Tarif - 30 ans 15 €
  • Tarif - 18 ans 10 €
  • Tarif solidaire 5 €

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Informations pratiques

Œuvre de référence, le texte de Lucrèce est un pilier de la transmission de la pensée épicurienne. Véritable puits d’humanisme et de pédagogie, il promeut une connaissance du monde qui permet de se libérer des carcans sociaux, notamment des superstitions. En 2020, le professeur d’histoire-géographie Samuel Paty était assassiné dans un acte barbare d’extrémisme religieux, pour avoir exercé́ son métier : enseigner, éclairer, éveiller une jeunesse à la citoyenneté et à la responsabilité. C’est alors que Christophe Perton s’est replongé dans la lumière du poème philosophique de Lucrèce. La finesse et la modernité de la traduction de Marie NDiaye, la physicalité quasi-musicale de Stanislas Nordey, la délicatesse de la mise en scène, baignée de rock progressif et de pop electro, font de cette création un vibrant hommage à la nature.

D’après le De Rerum Natura de Lucrèce
Traduction Marie NDiaye et Christophe Perton avec la collaboration d’Alain Gluckstein
Adaptation, mise en scène et scénographie Christophe Perton
Avec Stanislas Nordey
Composition musicale Maurice Marius et Emmanuel Jessua
Création lumière Éric Soyer
Création vidéo Baptiste Klein
Photographies Smith
Assistanat à la mise en scène et aux costumes Ninon Le Chevalier
Assistanat à la scénographie Clara Hubert
Construction décors Atelier de construction du TNS

Production Scènes&Cités
Coproduction Théâtre National de Strasbourg
Avec le soutien du JTN
La Compagnie Scènes&Cités est conventionnée par le Ministère de la Culture et la Région Auvergne-Rhône-Alpes.

 

Photos © DR
Texte © Mélanie Drouère

Le 16 Octobre 2020, nous étions à Marseille et devions présenter comme chaque soir les « Parents terribles » de Jean Cocteau, que nous jouions depuis trois semaines. Quelques jours plus tard, l’annonce d’un deuxième confinement allait tomber, ruinant les représentations à venir et enfermant chacun d’entre nous dans un triste repli. Mais ce 16 octobre et les jours qui suivirent furent marqués par un autre évènement terrifiant : Samuel Paty, professeur d’histoire et de géographie était assassiné de façon abominable par un extrémiste religieux, pour avoir exercé son métier : enseigner, éclairer, éveiller ses élèves à se forger d’eux-mêmes une opinion libre et critique. Cet acte barbare qui a pris racine dans le fanatisme et l’obscurantisme, nous a tous plongé dans l’effroi et la sidération.

Comment le théâtre, sans moralisme ni idéologie, pouvait-il jouer un rôle citoyen et offrir une réflexion qui éclaire et apaise ? J’ai pensé aux malheurs et aux morts accumulés par tant de religions confondues à travers les siècles. Et dans la solitude de ce deuxième confinement je me suis replongé dans la lumineuse philosophie de Lucrèce chez qui Shakespeare a tant puisé. Lucrèce, « l’homme révolté » de 35 ans qui voyait il y a 2200 ans ses contemporains s’enfoncer dans les superstitions, les peurs et les croyances, voulut « éveiller » et offrir à chacun la liberté de choisir. « La nature des choses » est son poème. Et c’est une merveille de générosité, de pédagogie, à l’attention des femmes et des hommes, pour les guider sur la voie du savoir, de la science, de la philosophie, de l’humanisme et de l’éveil vers la puissance et les bienfaits de la nature.

Le texte s’adresse à un disciple imaginaire et débute par un évènement qui frappe l’humanité : une pandémie mortifère se répand inexorablement parmi les hommes et vient leur rappeler qu’ils ne devront leur salut qu’à la science, seule capable d’y mettre fin. Et ce tremplin lui permet de développer et de partager sa foi en une seule et unique divinité tangible : « Alma Mater ». Nous ne naissons pas des limbes divins mais sortons, comme tout être vivant, de notre mère nourricière : la Terre. Au-delà de son rationalisme, le texte de Lucrèce porte tout autant sur la conscience que nous devons retrouver sur « les choses de la nature ». Conscience que c’est Elle, cette nature, qui nous a donné vie et nous donne l’air, la chaleur, l’eau et les aliments qui la maintiennent. Conscience que nous devons la respecter, la protéger et l’honorer, non par idéalisme romantique, mais bien parce que notre existence propre en dépend.

Lucrèce livre un sublime plaidoyer pour célébrer le ventre béni de cette Nature et j’espère partager ce festin de pure poésie auprès de tous les publics, et en particulier auprès des spectateurs les plus jeunes. J’ai demandé à Stanislas Nordey d’être l’interprète de ce texte millénaire. Nous avons sensiblement le même âge et bien que nos parcours, nos esthétiques, soient différents, nous avons en commun une même inclinaison pour des dramaturges, des poètes, des langues, que nous avons visités parallèlement. Je connais son travail depuis ses tous premiers spectacles et j’ai découvert depuis quelques années la puissance et la grâce de son incarnation presque musicale. Quelques séances de travail entre nous ont confirmé notre désir commun d’engager cette aventure :

« Nous sommes donc embarqués ! »

Ce « seul en scène » s’accompagnera d’une création musicale et visuelle qui en fera une sorte d’oratorio baigné d’une composition nourrie de rock progressif et de pop électro, portant la générosité et la modernité de ce texte millénaire.

Christophe Perton

Lucrèce

Lucrèce (en latin Titus Lucretius Carus) est un philosophe poète latin. Il serait né vers 98 avant J.C. Il mourut vers 55. On sait très peu de choses sur sa vie. Il est l’auteur du De Rerum Natura, un long poème passionné qui décrit le monde selon les principes d’Épicure. C’est surtout grâce à lui que nous connaissons l’une des plus importantes écoles philosophiques de l’Antiquité, l’épicurisme. Lucrèce a été très jeune témoin de luttes politiques atroces causant de véritables massacres (massacres de Marius, proscriptions de Sylla, révolte de Spartacus, conjuration de Catilina). De ces expériences, le philosophe a tiré une grande méfiance envers le pouvoir, la cupidité et autres passions. Parfois considéré comme le précurseur du matérialisme, il a lutté contre les superstitions et l’emprise des divinités sur la vie de ses contemporains.

Christophe Perton

Christophe Perton a débuté au théâtre comme metteur en scène en 1987. Dès les premières années, son travail est reconnu et soutenu par le Ministère de la Culture. Après plusieurs années en tant qu’artiste indépendant, il est nommé en 2001 à la direction du Centre dramatique national de Valence. Pendant neuf ans, il dirige un projet de rayonnement européen et travail pour le théâtre et l’opéra. Il décide en 2010 de quitter l’institution et fonde une structure indépendante, Scènes&Cités. Il développe alors parallèlement au théâtre un projet cinématographique, avec notamment l’adaptation du roman Trois femmes puissantes de Marie Ndiaye qu’il avait mis en scène à trois reprises.

Présentées sur les grandes scènes françaises et étrangères, les mises en scènes de Christophe Perton ont donné à voir et à entendre quelques grandes œuvres inédites du répertoire européen, telles que Hop-là nous vivons ! de Toller pour lequel il a obtenu le prix de la critique en 2008. Pasolini, Noren, Koltès, Mayenburg et Peter Handke sont autant d’auteurs majeurs qui ont accompagné son parcours artistique. Au théâtre, il a récemment mis en scène à Paris deux pièces de Thomas Bernhard, Au but avec Dominique Valadié et Le Faiseur de théâtre avec André Marcon. Il vient de mettre en scène une adaptation inédite des Parents terribles de Jean Cocteau avec notamment Charles Berling, Muriel Mayette-Holtz et Maria de Medeiros.

Stanislas Nordey

Stanislas Nordey est directeur du Théâtre National de Strasbourg et de son École depuis septembre 2014. Il y engage un important travail en collaboration avec une vingtaine d’artistes associés – auteurs, acteurs et metteurs en scène – à destination de publics habituellement éloignés du théâtre et dans le respect d’une parité artistique assumée. L’intérêt qu’il a toujours porté pour les écritures contemporaines se retrouve dans le projet qu’il a conçu pour le TNS.

Metteur en scène de théâtre et d’opéra, acteur, Stanislas Nordey est un homme partisan du travail en troupe. Avec sa compagnie, il est artiste associé au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis de 1991 à 1995, avant de rejoindre, toujours avec sa troupe de douze comédiens, le Théâtre Nanterre-Amandiers, à la demande de Jean-Pierre Vincent qui l’associe à la direction artistique. De 1998 à 2001, il dirige avec Valérie Lang le Théâtre Gérard Philipe, Centre dramatique national de Saint-Denis.

On lui doit la création de nombreuses pièces d’auteurs contemporains, notamment de Martin Crimp, Roland Fichet, Laurent Gaudé, Jean Genet, Hervé Guibert, Manfred Karge, Jean-Luc Lagarce, Armando Llamas, Magnus Dahlström, Frédéric Mauvignier, Fabrice Melquiot, Heiner Müller, Fausto Paravidino, Pier Paolo Pasolini, Christophe Pellet, Falk Richter, Bernard-Marie Koltès, Didier-Georges Gabily, Wajdi Mouawad, sans compter ses incursions dans le répertoire avec Marivaux, Feydeau ou Hofmannsthal… En 2020, il crée au TNS Berlin mon garçon de l’auteure associée Marie NDiaye.

Le comédien ravive la puissance d’un texte millénaire qui célèbre la beauté de la nature, son respect. Vif, réactif, le verbe s’incarne. Nous voilà, soulevés avec le poème comme courage. Dernières Nouvelles d’Alsace

Un continuel bonheur du jeu et de l’entendement. Perton revient en force. Quel intense dialogue intime entre Épicure et son disciple, Lucrèce (…) que Stanislas Nordey, donne magnifiquement à entendre. Le club Mediapart

Il est sidérant de constater ce que ce texte, vieux de plus de deux millénaires, a gardé d’actualité. Évangile de la Nature n’a jamais été aussi vivant et vibrant. Acceptez de vous perdre dans les mots de Lucrèce pour mieux vous retrouver face à vous-même, débarrassé de tout préconçu, de tout préjugé ! L’oeil d’Olivier 

Un chant magnifique de grande humilité sur la nature, sur la vie et sur la mort. Chapeau bas pour ce magnifique poème scénique – sagesse et humanité. Hottello 

Un planétarium prémonitoire. Stanislas Nordey, se donne corps et âme comme conteur-lecteur. Son jeu est émerveillé, solaire et lumineux. Une performance digne de ce cosmos Christophe Perton met en scène ce corps céleste inspiré par Vénus dans la constellation lumineuse du plateau. Une approche de rêve d’un texte mythique trop peu connu. L’amuse-danse 

La proposition nous place face au vertige de la modernité d’un texte qui théorise la création de l’univers par la seule force du raisonnement. Un texte éminemment moderne dans son refus des dogmes, dans l’attention promue à la terre, dans sa revendication de la nécessité de “penser” plutôt que de “croire”. Sceneweb

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