Théâtre

Foutue Bergerie

Pierre Guillois

Pierre Guillois revient avec un drame rural empli de farce. Sur fond de pesticides, de dépression et d’Amour est dans le pré, il nous entraîne dans les tourments du monde paysan.

Lieu
  • Châteauvallon
  • Théâtre couvert
Accessibilité
    • Dès 15 ans
  • Dates Durée estimée 1h40
  • mardi 10 février 2026 20:00
  • mercredi 11 février 2026 20:00
Tarifs
  • Plein tarif 30 €
  • Tarif adulte avec la carte Châteauvallon-Liberté 20 €
  • Tarif partenaire (CSE et Associations culturelles partenaires) 20 €
  • Tarif - 30 ans 15 €
  • Tarif - 18 ans 10 €
  • Tarif solidaire 5 €
  • Tarif solidaire famille adulte 10 €
  • Tarif solidaire famille enfant 5 €

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Informations pratiques

Dans une ferme à la lisière de la ville, un homme s’est suicidé en raison de la taille de son sexe, rendu petit par l’épandage de pesticides. Heurté par ce malheur, chacun et chacune tente de faire face, mais personne ne proteste par peur des sarcasmes.

Son père endeuillé, électeur de Marine Le Pen, tisse une relation de confiance avec un homme. Son frère, en colère, craint que tout cela entache sa virilité. Les moutons, quant à eux, se remettent d’une attaque qui a laissé huit des leurs sur le carreau.

Les mois passent. Le troupeau fond. Bientôt, les champs vont laisser place à des lotissements, illustrant une France aux abois, ballottée entre deux mondes.

Texte et mise en scène Pierre Guillois
Assistante à la mise en scène Lorraine Kerlo Aurégan
Comédien·nes Cristiana Reali, Marc Bodnar, Anna Fournier, Lucie Gallo, Simon Jacquard, Kevin Perrot, Yanis Chikhaoui
Scénographie Camille Riquier
Costumes Axel Aust assisté de Camille Pénage
Lumières Jérémie Papin
Création sonore Loïc Le Cadre
Décor Ateliers de construction de la maison de la culture de Bourges, scène nationale
Direction technique Colin Plancher
Régie générale et lumière Xavier Carré-Laubigeau
Régie plateau Elvire Tapie
Régie son Loïc Le Cadre
Administration générale Sophie Perret
Chargée d’administration Fanny Landemaine
Responsable de production Marie Chénard
Chargées de production Margaux du Pontavice & Louise Devinck
Diffusion Séverine André Liebaut (Séverine Diffusion)
Communication Anne Catherine Favé-Minssen

Production Compagnie le Fils du Grand Réseau
Coproduction (en cours) Théâtre de Cornouaille, scène nationale de Quimper / Les Quinconces et L’Espal, scène nationale du Mans / Théâtre Gymnase-Bernardines, Marseille / La maison de la culture de Bourges, scène nationale / La Comédie de Picardie, Amiens
Accueils en résidence Théâtre de Cornouaille, scène nationale de Quimper / Les Quinconces & l’Espal, scène nationale du Mans / Théâtre National de Bretagne, Rennes / Malakoff, scène nationale

Soutiens Avec la participation artistique du Jeune théâtre national et avec le soutien du dispositif d’insertion professionnelle de l’ENSATT

Photos © Pierre Guillois
Texte © Vanessa Asse

C’est depuis mes quelques années passées à Bussang, dans les Vosges, que je rêvais d’écrire un drame rural. La campagne est peu présente dans le théâtre contemporain, quasi absente, à l’image sans doute de ce qu’elle pèse socialement aujourd’hui en Europe.

Côté théâtre, j’ai été marqué, enfant, par Le Grand valet de Pierre-Jakez Hélias, au Théâtre de la Parcheminerie, à Rennes, par la troupe de la Comédie de l’Ouest – et par son grand repas silencieux. Plus tard, par Désir sous les ormes de O’Neill, au Grand Huit (TNB), mis en scène par Mattias Langhoff – et son cheval de labour.

Je me souviens des fermes du pays Gallo de ma mère où, nous, urbains, mais dotés d’un jardin, allions acheter du grain pour nos poules ; de l’immense table, du banc en bois, de la grande cheminée et des chats nourris exclusivement de souris. J’ignorais que derrière cette image d’Épinal (qui n’avait rien de ragoûtant pour un enfant – ça sentait fort et on comprenait mal le patois de ces messieurs qui prisaient le tabac et de ces dames toutes sèches qui servaient le petit rouge sur la toile cirée) était déjà en marche une agriculture productiviste qui poussait à coup d’engins rutilants et de produits magiques – et je suppose que nos poules béquetaient de l’insecticide à gogo, et nous par la même occasion, lorsque nous gobions nos mouillettes.

Mon père et tous ses copains sont morts vers soixante ans. Des gens sobres, balayés par des maladies modernes. Ces décès prématurés ont-ils un rapport avec ce qu’on a mis dans nos assiettes pendant des décennies au nom de la modernité ? Personne ne le saura jamais.

J’ai totalement inventé cette histoire du mini pénis dû aux pesticides – même s’il est vrai qu’un tel scandale semble avoir concerné des paysans en Amérique Latine. Mais l’éleveur dont je me suis inspiré pour la configuration de sa ferme – entourée par la ville ! – m’a dit en riant lorsque je lui racontais ma pièce « C’est drôle, on dit toujours que les fils de paysans ont un petit sexe »…
Y a-t ’il un honteux secret sous les latents scandales sanitaires ?

Ce qui m’intéresse avec ce drame empli de farce, c’est d’inviter la campagne à se faire une place dans le théâtre, chargée de problématiques qui enjambent l’aspect social ou environnemental strictement rural, en mettant en scène un monde paysan entraîné dans les soubresauts du siècle, pris dans des contradictions voisines du monde citadin, mais avec l’âpreté et la solitude propre au monde paysan, au rapport trouble à la terre, à l’animal, à la mort. Pas de campagne enchanteresse ou nostalgique, ni de méchant agriculteur industriel et encore moins de bon éleveur bio. Juste un père endeuillé, qui a voté pour Marine Le Pen aux dernières élections et qu’on voit doucement, au détour de sa tristesse, tomber amoureux d’un jeune arabe un peu paumé.

Pierre Guillois a été artiste associé au Théâtre du Rond-Point de 2018 à 2022, au Quartz, scène nationale de Brest de 2011 à 2014, au Centre dramatique de Colmar de 2001 à 2004 et directeur du Théâtre du Peuple de Bussang de 2005 à 2011. Il a terminé sa 4e année de Résidence à Scènes Vosges lors de la saison 24-25.

Créateur d’œuvres originales, ses comédies ont particulièrement tourné en France et à l’étranger. Parmi ses créations, Sacrifices, coécrit avec Nouara Naghouche, Le Gros, la Vache et le Mainate (avec une musique signée François Fouqué), et Bigre, écrit en collaboration avec Olivier Martin-Salvan et Agathe L’Huillier, qui remporta le Molière de la comédie en 2017. Bigre fut également programmé au Festival ALMADA au Portugal la même année où il reçut le prix du grand public en 2018. L’année suivante, Bigre est présenté au Canadianstage, en partenariat avec le Théâtre français de Toronto, avant d’être rebaptisé Fish Bowl pour le Fringe d’Édimbourg, où il séduit le public britannique avec plus de 16 000 spectateurs, et au Brighton Festival en 2024.

Pierre Guillois s’aventure d’autres fois sur des terrains plus dramatiques : Terrible Bivouac, récit de montagne, Grand Fracas Issu de Rien (création collective), Le Chant des soupirs (de et avec Annie Ebrel), Au Galop (de et avec Stéphanie Chêne), Le Sale Discours (de et avec David Wahl). Il a également collaboré avec la troupe d’acrobates Akoreacro pour Dans ton cœur, une proposition alliant cirque, théâtre et musique. Dans le domaine musical, il met en scène, Abu Hassan de Weber avec le Théâtre musical de Besançon, Rigoletto de Verdi avec la Cie Les Grooms et La Botte secrète de Claude Terrasse, avec la Cie Les Brigands où il rencontre Nicolas Ducloux avec lequel il écrit ensuite Opéraporno (2018) puis Mars 2037, production franco-autrichienne. En 2024, il écrit et met en scène Dérapage, la nouvelle création des Sea Girls- Judith Rémy, Prunella Rivière, Delphine Simon- une traversée décalée et festive mêlant music-hall et comédie. La commande du Festival d’Avignon et de la SACD pour l’édition 2019 de Vive le Sujet ! lui permet de rencontrer Rébecca Chaillon avec laquelle il co-écrit et co‑interprète Sa Bouche ne connaît pas de dimanche. En 2021, il retrouve Olivier Martin-Salvan et ils créent ensemble Les Gros patinent bien – cabaret de carton – Molière du Théâtre Public 2022, ce spectacle joue à la fois à Paris (Théâtres Tristan Bernard, Saint Georges, La Pépinière) et partout en France – version salle ou extérieure – et a fêté sa 1000e représentation. En août 2023, rebaptisé The Ice Hole, a cardboard comedy, il joue 27 dates au Fringe d’Édimbourg, en Angleterre et poursuit sa tournée internationale en Roumanie au Festival International de Théâtre de Sibiu, en Suisse, en Belgique.

Sur une commande de Scènes Vosges, il crée une forme pour les collèges et lycées, Le Voleur d’animaux, de et par Hervé Walbecq. En 2024, Pierre Guillois signe une nouvelle farce, Josiane, version fable camarguaise, joué à la Pépinière Théâtre. En 2025, il invite la campagne à se faire une place dans le théâtre avec l’écriture de Foutue Bergerie, qui mettra en scène un monde paysan entraîné dans les soubresauts du siècle (création le 30 septembre 2025, Théâtre de Cornouaille, scène nationale de Quimper).

Pierre Guillois est le directeur artistique de la Compagnie Le Fils du Grand Réseau, conventionnée par le Ministère de la Culture – DRAC de Bretagne avec le soutien de la ville de Brest.