Ne vous attendez pas à regarder ce spectacle, vivez-le littéralement, installé·es confortablement sur la scène. Proposition immersive totalement inédite, Je suis une montagne est une invitation à sentir et vivre notre monde autrement.
Avec la Carte Châteauvallon-Liberté, votre 6ème place de spectacle est offerte !
Dans le cadre de l’engagement de la Scène nationale en faveur de l’environnement, Châteauvallon-Liberté, vous encourage à partager vos trajets avec d’autres spectateur·rices.
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→ Pour faciliter vos échanges, un tableau pour les covoitureur·euses est à votre disposition dans nos deux théâtres.
Prenez un post-it, remplissez-le et attendez d’être contacté par vos futurs covoitureur·euses.
Tarif spécial à 4 € de 19h à 2h les soirs de représentation au parking Q-Park Liberté, place de la Liberté en réservant ici.
Le bar est ouvert les jours de représentation, 1h avant le début du spectacle et après la représentation. Il propose une restauration légère, avec des produits locaux et de saison.
Une invitation à percevoir différemment notre environnement, c’est l’expérience imaginée par l’artiste Éric Arnal-Burtschy, concepteur de performances à la croisée du sensible et des arts visuels. Assis·es sur des transats suspendus, enveloppé·es par les éléments, vous êtes emporté·es dans une autre dimension.
Tout commence dans l’obscurité. Puis soudain, un grondement : un tonnerre éclate, et voilà la scène envahie de chaleur, de pluie et de vent. Vous ne bougez pas, et pourtant l’ambiance sonore spatialisée vous donne l’impression d’être en mouvement. Des parfums de plaine et de désert flottent dans l’air. Ce dispositif sensoriel vous transporte dans un ailleurs, dans un lieu où lâcher prise, pour rêver, vibrer et explorer.
Conception et création Éric Arnal-Burtschy
Composition sonore Thomas Turine
Création odeurs URCOM, Laboratoire de chimie organique et macromoléculaire – Université du Havre
Direction technique création Eloi Saniez
Direction technique tournée Christophe Vanhove
Construction Ateliers du Théâtre de Liège
Chef électricien Marc Duchâteau
Programmation Kevin Alf Jaspar & Pascal Demez – DRUW_Audio
Régie Kevin Alf Jaspar, Gregoire Tempels
Diffusion et développement Ad Lib · Support d’artistes
Coproducteurs DRAC Hauts-de-France / Région Hauts-de-France / Département du Pas-de-Calais / Théâtre de Liège / Le 9-9 bis, Oignies / Centre chorégraphique national de Grenoble / Le Volcan, Scène nationale du Havre / Festival Chroniques, Marseille / La Croisée, Rencontres professionnelles du spectacle vivant en Hauts-de-France / Théâtre la Vignette, Montpellier
Avec le soutien de la Fondation d’entreprise Hermès
Partenaires De Grote Post, Oostende / workspacebrussels / Centre Wallonie Bruxelles & La Ménagerie de verre / Seoul Performing Arts Festival / L’Oiseau Mouche, Roubaix / Le Gymnase, Centre de développement chorégraphique national / Le BAMP, Bruxelles / La Maison du Théâtre d’Amiens & Le Safran – Scène conventionnée d’Amiens Métropole / Boom’Structur, Clermont-Ferrand
Photos © Pexels — Eberhard Gross-Gasteiger
Texte © Vanessa Asse
J’ai souvent imaginé que j’étais un animal quand j’étais enfant. J’étais un oiseau, un tigre, un dauphin, une tortue et je parcourais le monde à leur manière. J’imaginais aussi être un arbre et, parce que j’étais un arbre, j’étais très vieux et j’avais vu Louis XIV, la Révolution française et le départ de la fusée pour la Lune.
En repensant à cela récemment, je me suis rendu compte qu’en tant qu’arbre, je n’avais rien vu, ou du moins pas au sens où nous l’entendons en tant qu’humain et, sauf si tous ces événements s’étaient produits à côté de moi, je n’avais pas pu les percevoir car j’étais resté au même endroit.
J’étais statique mais j’avais ressenti le passage des siècles, que l’odeur du monde était différente quand je suis né. J’ai senti les saisons qui passent, le soleil, la pluie, le vent, le froid, le chaud, les grondements du sol sous l’orage, le ruissellement de l’eau entre mes racines, le feu qui est passé proche de moi, les animaux qui m’ont frôlé et habité, la mousse qui m’a colonisé. Jamais je n’ai eu peur, jamais je ne me suis protégé, tout comme un animal ne cesse de paître quand il pleut. J’ai accepté d’être traversé par les éléments car je suis élément, j’ai accepté d’être affecté par la nature car je suis la nature.
J’ai imaginé ce que ce serait d’être une montagne, mon cœur si profondément enfoui sous la neige et la roche et pourtant effleuré par l’eau qui traverse lentement mon corps pour rejoindre le sol que j’écrase de ma masse. J’ai imaginé être cette eau qui parcourt mon corps de montagne puis je suis redevenue montagne. A mon échelle de temps, le vent arrache mon corps pour le disperser en désert à la surface de la planète avant que je m’assemble de nouveau. Le mouvement des plaques me déplace de milliers de kilomètres, j’ai tapissé les océans avant de m’élever, je suis vivante, je suis plus proche du ciel que quiconque. Je laisse le temps me traverser car je suis immortelle, je ne crains plus le froid, je ne crains plus la pluie, je ne crains plus la mort. Je n’ai plus peur de la nature, je ne cherche plus à avoir prise sur elle, je ne cherche plus à la contrôler. Je lui laisse place et je l’accueille, je la laisse vivre autour de moi, sur moi et en moi.
Dans Je suis une montagne, le plateau sera habité physiquement par la chaleur, la pluie, le vent, des grondements sourds, des odeurs de plaine et de désert. Il y pleuvra, la lumière traversera les nuages pour dessiner des aubes, des halos, des soleils éclatants, elle nimbera les corps de sa force avant de se retirer et de laisser venir la nuit.
Placé directement sur ce plateau, suspendu au-dessus du sol, le spectateur est invité à laisser les éléments le traverser, à ne pas être actif pour s’en protéger ou les contrôler mais au contraire à leur donner accès. Les yeux fermés, il sera arbre, rocher et montagne, les éléments vivront autour de lui, à travers lui et en lui. Je suis une montagne invite à ressentir notre monde différemment, par un autre prisme que le nôtre. Quelle serait notre perception du monde si nous étions un arbre, si nous étions une montagne ? C’est un autre monde qui émerge, un autre rapport au temps, aux éléments, à l’espace, à nous. En invitant à une forme de lâcher prise et de communion et par une écriture du corps des éléments et de celui du spectateur, Je suis une montagne propose une expérience du présent.
Une écriture qui fait fusionner arts visuels et arts vivants. Marie-Juliette Verga, Parisart
Une forme fascinante, spectaculaire, immersive et expérimentatrice. Sylvia Botella – L’Echo
Eric Arnal-Burtschy suit un cursus en histoire, philosophie et géopolitique avant de s’orienter vers la danse et les arts visuels. Il crée des expériences immersives sous forme de projets scéniques, performances et installations. Son travail, porté par des recherches sur la physique de l’Univers et un questionnement sur l’humain, est présenté aussi bien dans des théâtres que des festivals et des musées tels que le Louvre Lens, Kanal Centre Pompidou, Hong Kong Arts Center, SPAF en Corée du Sud, ImPulsTanz en Autriche, La Bâtie en Suisse, le Théâtre royal flamand à Bruxelles, La Gaîté lyrique, dans des scènes nationales et CDCN ou encore à la Philharmonie de Paris.
Ses créations sont considérées comme « proches d’une nouvelle forme artistique » (Aude Lavigne, France Culture), « génératrices d’innovation artistique, scientifique et technologique » (Timour Sanli, L’Echo) et « d’une beauté ensorcelante » (Robin Broos, De Morgen). Régulièrement invité à donner des conférences et à participer à des colloques sur des recherches proches de son travail, il collabore avec de nombreux lieux de création, universités, centres de recherches et entreprises industrielles et technologiques.
Il est artiste associé au 9-9 bis Le Métaphone (2023-2025) ; artiste compagnon du Théâtre de Liège (2024-2028), artiste en résidence à workspacebrussels et au Théâtre de L’L (Bruxelles). Il a été précédemment artiste associé à la scène nationale de la Rose des vents (2019-2022) ; artiste associé aux Halles de Schaerbeek (2015-2019) et chercheur associé au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) avec l’Institut d’études avancées de Marseille et l’Institut de recherche sur les phénomènes hors équilibre en 2019 et 2020. Toujours intéressé par les questions géopolitiques et stratégiques, il est en en parallèle officier de réserve dans l’armée française.
Tu as évoqué la place du corps dans tes projets. Pourrais-tu préciser cette question de l’écriture ? Qu’est-ce qui distingue tes projets d’une installation ?
Je dirais que c’est le rapport au temps et la logique d’écriture. Je crée des spectacles où la dramaturgie suit un déroulé temporel qui passe par une écriture du mouvement et de l’espace. Il y a une construction de l’imaginaire qui permet d’amener différentes couches de sens successivement, de les nuancer, de les révéler de nouveau ou différemment.
En fonction des projets, ce fil narratif peut être purement visuel et sensoriel, comme dans Deep are the woods où il n’y a en quelque sorte « que » de la lumière parcourant l’espace et les corps des spectateurs, sans texte ni son. Cela peut aussi passer par du texte et du mouvement porté par un corps humain comme dans Why we fight, une performance où je suis sur scène.
Dans Je suis une montagne, cette construction va passer par des éléments comme la chaleur, la pluie, le vent… qui traverseront le spectateur. La sensation physique que cela procure n’est qu’une sensation, ce qui m’intéresse c’est l’imaginaire que cette sensation va porter et qui va se construire dans l’assemblage et la dramaturgie : comment ces éléments vont porter un univers à travers leur écriture, avec des basculements, des révélations, des contrastes.
Comment définis-tu le travail expérientiel que tu viens à nouveau rechercher dans Je suis une montagne ?
Quand je travaille au plateau, j’ai toujours été marqué par la différence entre regarder des interprètes faire sur le plateau et être soi-même au plateau : dans la première position, je suis spectateur de ma propre création, dans la seconde il y a un rapport à la sensation, à sentir de l’intérieur la justesse ou non de ce qui est en train d’être créé. Dans le premier cas, j’accepte ou non la vérité en fonction de ce que je vois et perçois, dans la seconde je sens la vérité, je peux m’en approcher d’une manière plus intérieure. J’aimerais offrir cette même possibilité.
Les projets que je crée ne sont pas des projets participatifs dans le sens où l’action du public n’est ni sollicitée ni requise : il y a seulement la possibilité d’une participation. Mais cette possibilité confronte le spectateur à sa propre liberté, à ce qu’il se permet à lui-même et vis-à-vis des autres. Cela reformule la question de la liberté à travers celle du libre-arbitre. J’ai confiance dans la capacité du spectateur à avoir la prise de distance nécessaire à cela. Ces projets sont une proposition à saisir notre réalité par le sensible et le faire, en complément à l’analyse qu’il en aura par ailleurs.
Que cherches-tu à créer chez le public dans Je suis une montagne ?
Dans Je suis une montagne, il va y avoir une spécificité dans le rapport au temps, dans l’idée de ne plus chercher à compter le temps, de ne plus chercher à atteindre quelque chose mais d’accepter que nous sommes présents et que cela suffit. Un détail ou une sensation très simple peut alors porter l’imaginaire. C’est ce rapport à la présence qui m’intéresse.
En filigrane il y a aussi cette question sur la nature, sur l’environnement. Nous passons notre temps à nous protéger des éléments, quand il fait froid on se couvre, quand il fait chaud on met la climatisation, quand il pleut on prend un parapluie, quand il y a un insecte chez nous soit on le tue, soit on le met dehors. On passe notre vie à mettre la nature en-dehors de nous. Ce projet est une invitation à ressentir que oui, il peut faire chaud ou pleuvoir mais que ce n’est pas un problème. Il peut pleuvoir sur nous, on peut avoir froid pendant 10 minutes, il n’y a pas de problème, notre corps d’humain est fait pour être dans ces éléments. Cela peut même être agréable. Nous avons pris le réflexe de se dire qu’il fallait se protéger, mais est-ce qu’il le faut vraiment ? C’est une question qui est ouverte pour moi. Et derrière cela pose la question de comment nous chauffons ou climatisons chez nous par exemple, ce qui a un impact écologique fort. La finalité de ce projet est le rapport à la présence, au temps et à notre société aujourd’hui.