Oscillant entre farce et tragédie, Emma Dante continue de poser son regard affuté sur la société. Dans cette nouvelle création, dont la Scène nationale accueille la Première française, elle revient avec un spectacle sur la famille et les violences faites aux femmes.
Avec la Carte Châteauvallon-Liberté, votre 6ème place de spectacle est offerte !
Dans le cadre de l’engagement de la Scène nationale en faveur de l’environnement, Châteauvallon-Liberté, vous encourage à partager vos trajets avec d’autres spectateur·rices.
→ Rejoignez notre groupe Facebook Covoiturage Châteauvallon-Liberté pour proposer ou demander un trajet partagé en cliquant ici
→ Pour faciliter vos échanges, un tableau pour les covoitureur·euses est à votre disposition dans nos deux théâtres.
Prenez un post-it, remplissez-le et attendez d’être contacté par vos futurs covoitureur·euses.
En partenariat avec le réseau Mistral, une navette BUS, offerte, vous transporte de la place de la Liberté jusqu’à Châteauvallon. Du Liberté à Châteauvallon, elle dessert vingt-et-un arrêts.
→ Consultez les horaires et les arrêts de la navette
Réservation conseillée et possible jusqu’à la veille du spectacle par téléphone au 09 800 840 40
Chaque soir de représentation, une petite restauration locale et de saison, pour manger sur le pouce vous est proposée ! Vous avez la possibilité de vous restaurer au moins une heure avant le spectacle et à l’issue.
À force de la battre, un homme finit par tuer son épouse. Elle gît sur le sol, mais personne ne la croit morte. Alors, tel un ange prisonnier de son foyer, elle se relève et reprend sa routine : s’occuper des tâches ménagères, préparer les repas pour son fils et son mari, s’occuper de sa belle-mère âgée. Chaque matin, les membres de sa famille la retrouvent morte et ne la croient pas. Chaque matin, elle se lève, lave le sang sur son visage, change sa robe déchirée et recommence à subir la violence de son mari, la dépression de son fils, l’impuissance de sa belle-mère qui, au lieu de condamner son fils brutal et despotique, le plaint. Chaque nuit, la femme meurt à nouveau, comme dans un cercle infernal où le châtiment ne s’éteint jamais. L’ange ne pourra pas s’envoler, ne pourra pas quitter le foyer. Chaque matin, il devra se lever, ne serait-ce que pour ouvrir la cafetière et faire du café.
Texte et mise en scène Emma Dante
Avec Leonarda Saffi (la femme), Giuditta Perriera (la belle-mère), Ivano Picciallo (le mari) et Davide Leone (le fils)
Scénographie et costumes Emma Dante
Lumières Cristian Zucaro
Coordination et distribution Aldo Miguel Grompone, Rome
Organisation Daniela Gusmano
Production Compagnie Sud Costa Occidentale
Coproduction Châteauvallon-Liberté, scène nationale / Piccolo Teatro di Milano – Teatro d’Europa / Teatro di Napoli – Teatro Nazionale / Les Célestins Théâtre de Lyon / Comédie de Clermont-Ferrand / La Scène Nationale d’Albi-Tarn / Le Cratère, Scène Nationale d’Alès en Cévennes / L’Estive, scène nationale de Foix et de l’Ariège / Théâtre + Cinéma Scène nationale Grand Narbonne / Théâtre de l’Archipel, scène nationale de Perpignan / Théâtre Molière, Sète – Scène Nationale Archipel de Thau / Le Parvis, scène nationale de Tarbes Pyrénées / Compagnia Sud Costa Occidentale / Carnezzeria
Photo © DR / Carmine Maringola (Portrait Emma Dante)
Texte © Vanessa Asse
Je travaille avec le corps des comédiens. De l’orteil à la racine des cheveux, il doit parler plus que les mots. D’ailleurs, j’utilise des dialectes, le napolitain et le palermitain – langues des exclus et des pauvres –, qu’on ne comprend plus. Pareille obsession du corps fait de la scène un vrai scanner. J’y déchiffre les souffrances. Jusque dans le corps social. C’est déjà les soigner un peu.
J’aime les corps défectueux, sur scène. Ils imposent une autre réalité, engendrent des situations précaires qui ont davantage à voir avec la vie. Pour moi, le théâtre est un sanctuaire où pleurer, prier, s’indigner, se soigner. Le théâtre est lieu d’émerveillement comme d’horreur. On y enquête, surmonte ses peurs et formule de nouvelles questions. Je m’y sens toujours capable de mettre en jeu ce que je sais de moi pour essayer de comprendre ce que je pourrais devenir. Mais le théâtre est aussi « un crime », comme disait Carmelo Bene. Il doit faire mal, nous faire avoir honte de quelque chose d’injuste qui est sous nos yeux mais que nous ne parvenons plus à voir.
Palerme, c’est le théâtre ! Le beau y côtoie le laid ; la richesse, la misère. Chaque coin de Palerme renvoie à la mafia. Tôt ou tard, tout artiste sicilien y est confronté. Dans mPalermu (2001), j’ai voulu montrer combien le comportement mafieux, ses arrogances, ses corruptions s’étaient partout infiltrés. Jusque dans la politique. Nos vies sociales ressemblent à des échanges de faveurs où le plus faible devient l’obligé de l’autre. Mais dans Cani di bancata (2006), j’ai aussi fait de la mafia une femme. Car ce système repose sur le matriarcat : les mères font ces machos qui deviendront mafieux et reviendront chez elles quand ils ne sauront plus où aller. Elles garderont alors leurs secrets, décideront des stratégies pour garder la famille unie. Mère, épouse, fille : notre vraie trinité mafieuse.
Emma Dante grandit à Catane avant de retrouver sa ville natale Palerme à la fin de ses études secondaires. Pendant un an, elle suit les cours de Michele Perriera, un théoricien du mouvement littéraire Gruppo 63 qualifié de néo-avant-gardiste. En 1987, elle se forme à l’Académie nationale d’art dramatique de Rome et cinq ans plus tard rejoint la troupe du Gruppo della Rocca à Turin. Après avoir gravi l’Italie par le Nord, elle retourne en Sicile à la fin des années 90 et y fonde son actuelle compagnie, Sud Costa Occidentale, installée depuis quinze ans dans une cave rebaptisée La Vicaria, du nom d’une ancienne prison où se déroulaient les procès de femmes accusées de sorcellerie. C’est là qu’elle élabore ses propres textes joués par ses fidèles acteurs dans toute l’Europe. Comédienne, dramaturge, metteuse en scène de théâtre et d’opéra, autrice et réalisatrice, Emma Dante voit le théâtre comme un moyen de « révéler les malaises et les problèmes que les gens ont tendance à refouler. » Le corps est une dimension centrale de son esthétique de la transformation fortement marquée par l’insularité. En 2005, elle remporte le Graal d’or de la meilleure mise en scène pour le spectacle Medea. En octobre 2009, elle reçoit le prix Sinopoli pour la culture. Elle a publié Carnezzeria. Trilogia della famiglia siciliana avec une préface d’Andrea Camilleri et son premier roman Via Castellana Bandiera a gagné le prix Vittorini et le Super Vittorini 2009. Il est traduit en français par Eugenia Fano et publié en septembre 2024 aux Éditions Chemins de fer.