Le cœur au bord des lèvres
Théâtre musical

Le cœur au bord des lèvres

Asmahan / variation

Asmahan : sa vie est nimbée de zones d’ombre et parsemée de mystères. Née d’une famille syrienne druze sur un bateau ayant failli couler au large de Beyrouth, son vrai nom est Amal al-Atrache (األطرش آمال – (Amal signifiant « espoir ». Devenue Asmahan (اسمهان – la sublime) au Caire, étoile montante de la chanson égyptienne, actrice de cinéma et messagère des Alliés pendant la Seconde Guerre mondiale, elle disparaît dans le Nil à 27 ans, probablement assassinée. Un spectacle comme une variation musicale autour d’une énigme fascinante.

Le cœur au bord des lèvres
Le cœur au bord des lèvres
Le cœur au bord des lèvres
Lieu
  • Le Liberté
  • Salle Fanny Ardant
Accessibilité
  • Pour tous
    • dès 15 ans
  • Dates Durée estimée 1h15
  • jeudi 2 mars 2023 20:00
  • vendredi 3 mars 2023 20:00
Tarif B
  • Plein tarif 24 €
  • Tarif préférentiel 19 €
  • Tarif avec la Carte Encore 19 €
  • Tarif formule 3 spectacles et + 18 €
  • Tarif formule 10 spectacles et + 16 €
  • Tarif demandeur d'emploi 16 €
  • Tarif jeune (- de 30 ans et étudiants) 11 €
  • Tarif solidaire 5 €
Informations pratiques

« On ne sait presque rien d’exact sur sa vie. J’ai décidé de partir de là, d’écrire à partir de ce vide, de cette disparition ». Dea Liane s’amuse à inventer, à rêver la vie de la chanteuse, à mêler vraies et fausses archives, à brouiller les pistes pour mieux la faire apparaître. Il ne s’agit pas de raconter sa vie dans un biopic pseudo réaliste mais bien plus d’en saisir la pulsation, le rythme, l’émotion. La composition musicale de Simon Sieger, de thèmes en variations improvisées, épouse l’évocation poétique de la diva devenue un véritable mythe dans le monde arabe. Une certaine nostalgie : Asmahan est le symbole d’une époque aujourd’hui révolue dans laquelle l’espoir était permis, un « âge d’or » du monde arabe, le temps où des centaines de comédies musicales produites en Égypte sortaient tous les ans, le temps où les cabarets du Caire bruissaient d’une vie libre et ouverte.

Texte et mise en scène Dea Liane
Avec Dea Liane et Simon Sieger
Composition musicale et arrangements Simon Sieger
Collaboration artistique Célie Pauthe
Création vidéo François Weber
Création lumière Sébastien Lemarchand
ScénographieSalma Bordes en collaboration avec Marianne Tricot
Costumes Anaïs Romand
Traduction en arabe égyptien et voix du journaliste Georges Daaboul

Production CDN Besançon Franche-Comté
Coproduction Théâtre National de Strasbourg

 

Photo © Lin Delpierre
Texte © François Rodinson

Sa vie est un biopic à l’américaine, soit. Nous ne voulons pas raconter sa vie, mais bien plus en saisir la pulsation, le rythme, l’émotion. La vie d’Asmahan est un mouvement constant, une fuite vers l’avant. Rien n’est linéaire, rien ne s’établit de manière pérenne. Rien ne s’installe. Intuitivement, je me suis dit : elle est baroque.

Puis il y a son œuvre : ses chansons. La manière dont elle a perpétué la tradition musicale arabe la plus pure, tout en y intégrant des innovations audacieuses. On ne peut s’intéresser à Asmahan sans entrer dans le répertoire musical arabe – plus particulièrement le répertoire classique égyptien de cette première moitié du XXe siècle.

La tradition musicale arabe repose sur une valeur fondamentale : l’improvisation. L’orchestre oriental établit un thème, le répète, puis les musiciens doivent tour à tour varier autour de ce thème. C’est cette structure – thème et variations – qui donne la sensation de répétition dans ces chants qui parfois peuvent durer une heure. Et c’est dans ces circonvolutions que le musicien crée chez celui qui l’écoute le plaisir, la jouissance, l’extase musicale. Ce que l’on appelle le tarab.

Thème et variations.
Mouvement constant.
Fugue.
Risque.
Jouissance partagée.

Voilà les mots qui ont inspiré la mise en scène, qui m’ont semblé les plus justes pour évoquer une telle personnalité, une telle vie, une telle artiste. De même que le musicien varie afin d’atteindre une grâce, j’ai eu le désir de travailler une mise en scène qui serait une longue variation autour d’Asmahan, ou plus exactement autour de cette parole inventée, l’interview « retrouvée ». Comme si varier les formes pourrait aider à déployer tous ses visages, toutes ses contradictions.

Il y a Asmahan et son frère Farid, le duo, la complicité, leur destin extraordinaire. Simon est le musicien, il est donc Farid al-Atrache. Il est parfois le journaliste, parfois l’amant. La mise en scène repose sur ces tandems possibles, sur les multiples jeux qui ont lieu entre nous – Farid et Asmahan, Simon et Dea.

Le degré zéro étant : Simon et Dea. Nous partirons de là. De nous, de notre rapport à elle, à eux. Nous allons vers elle, en variant les formes, en tournant autour, et à un certain point du spectacle, l’incarnation est totale. Asmahan apparaît, entière, elle parle dans sa langue – l’arabe égyptien.

Pour élaborer cette variation, nous jouons de nos instruments respectifs. Instruments de musique mais aussi voix, corps, langues, images. Images d’archives, images scéniques, illusions d’optiques créées par la vidéo.

Dea Liane

Née en 1990 en Syrie, elle passe son enfance et son adolescence entre Paris, Beyrouth, et Damas. Très tôt elle se passionne pour de multiples terrains de création : elle rêve tour à tour de faire des bandes dessinées, réaliser des films, devenir pianiste concertiste, et écrire des romans. Elle étudie finalement à Sciences Po, s’imaginant grand reporter de guerre.

C’est en vivant une année à Mexico qu’elle rencontre le théâtre. En master elle mène un mémoire de recherche en Histoire sur Adrienne Lecouvreur, une actrice oubliée mythique du XVIIIe siècle, tout en suivant les cours d’interprétation de Marc Ernotte au conservatoire du 8ème arrondissement de Paris. C’est finalement sur la scène qu’elle trouve sa place et son lieu d’engagement.

Elle intègre comme actrice l’École du Théâtre National de Strasbourg en 2014, dirigée par Stanislas Nordey. Ses études au TNS lui permettent de poursuivre sa pratique du piano, et de l’intégrer dans des mises en scène. C’est par le théâtre également qu’elle retrouve l’écriture.

Après sa sortie en 2017, elle joue au théâtre avec Falk Richter et Stanislas Nordey dans Je suis Fassbinder avec Julien Gosselin dans 1993. Elle se lie fidèlement avec des artistes de sa génération : avec Pauline Haudepin dans Les Terrains vagues, et en théâtre-paysage avec Mathilde Delahaye dans Maladie ou Femmes modernes.

Récemment elle a joué dans Berlin mon garçon de Marie N’Diaye mis en scène par Stanislas Nordey. Elle fait ses débuts au cinéma dans L’homme qui a vendu sa peau, un long-métrage de la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania, sélectionné à la Mostra de Venise en 2020 et nommé pour l’Oscar du meilleur film étranger en 2021. Elle y joue le rôle principal féminin en arabe syrien – sa langue maternelle.

Pour préparer des chants égyptiens lors de la création d’Antoine et Cléopâtre de Shakespeare, elle travaille avec Martina Catella, grande pédagogue de la voix mixte. C’est à cette occasion que Célie Pauthe lui propose de créer une forme impromptue autour d’Asmahan, mêlant textes et musique. Cette saison on la verra dans le rôle de Cléopâtre qu’elle reprendra et jouera en alternance avec Mélodie Richard. Elle sera à l’affiche de Chère chambre, un spectacle de Pauline Haudepin, artiste associée au TNS. Elle créera aussi le rôle d’Anaïs Nin dans la prochaine création d’Elise Vigier.

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