Jean-Claude Gallotta a marqué les esprits avec sa pièce Ulysse. Inspiré par l’énergie nouvelle des danseur·euses, l’artiste la revisite pour la première fois dans l’Amphithéâtre de Châteauvallon, tout en restant fidèle à l’esprit de sa création originale.
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En partenariat avec le réseau Mistral, une navette BUS vous transporte de la place de la Liberté jusqu’à Châteauvallon les soirs de spectacle au Théâtre couvert.
Départ de l’arrêt Liberté à 20h50.
Réservation nécessaire et possible jusqu’à la veille du spectacle, par téléphone au 09 800 840 40 ou lors de votre réservation sur internet.
Chaque soir de représentation, une petite restauration locale et de saison, pour manger sur le pouce vous est proposée ! Vous avez la possibilité de vous restaurer au moins une heure avant le spectacle et à l’issue.
En quarante ans, l’Ulysse de Jean-Claude Gallotta a connu plusieurs versions, repris notamment en 1984 aux Jeux olympiques de Los Angeles. Considéré comme un tournant dans l’histoire de la danse contemporaine, ce ballet poursuit sa quête du mouvement « pur ».
Toutes et tous de blanc vêtu·es, les interprètes y évoluent dans une chorégraphie géométrique et intemporelle, marquée d’une précision géométrique. À travers une succession de tableaux saisissants, elles et ils enchaînent portés et arabesques, pris·es dans un tourbillon d’énergies. Selon Jean-Claude Gallotta, les artistes dansent « une liberté qui nous vient des années 80, il n’est pas interdit de s’en réclamer aujourd’hui. Je me demande même s’il n’est pas urgent de le faire. »
Chorégraphie Jean-Claude Gallotta
Avec Axelle André, Naïs Arlaud, Alice Botelho, Ibrahim Guetissi, Fuxi Li, Bernardita Moya Alcalde, Clara Protar, Jérémy Silvetti, Gaetano Vaccaro et Thierry Verger
Assistanat à la chorégraphie Mathilde Altaraz
Dramaturgie Claude-Henri Buffard
Reconstruction et transmission Mathilde Altaraz et Thierry Verger
Musique originale Henry Torgue et Serge Houppin
Lumières et scénographie Manuel Bernard
Assistanat lumières Benjamin Croizy
Costumes Chiraz Sedouga
Production Groupe Émile Dubois / Compagnie Jean-Claude Gallotta
Coproduction Le Volcan — Scène nationale (Le Havre) / Théâtre Sénart, Scène nationale
Avec le soutien de la MC2 : Grenoble, du Théâtre de l’Arsenal de Val-de-Reuil – scène conventionnée d’intérêt national « art et création pour la danse »
Remerciements à Yvesmarie Despails et à l’Hexagone Scène Nationale Arts Sciences / Atelier Arts Sciences
Photos © Guy Delahaye
Texte © Vanessa Asse
Jean-Claude Gallotta reste un des chorégraphes les plus audacieux avec une écriture riche, évocatrice et facétieuse. Depuis plusieurs saisons, il a pris l’habitude de revisiter son répertoire, entre deux créations. D’Ulysse, il en a écrit plusieurs versions avant cette « recréation 2021 » pour fêter ses 40 ans. Relikto
La pièce est d’une redoutable précision d‘écriture, utilisant les principes de la danse répétitive. Le chorégraphe a tiré le meilleur parti de la scénographie tout de blanc et de l’architecture très rigoureuse des lignes de construction. La danse de micro-gestes comme à peine osés, les portés, la multiplication des actions, désamorcent ce que la forme aurait pu avoir de froid. D’autant qu’une foule d’événements curieux (comme la présence d’une dinde vivante sur scène) apportait une singulière distance pour tout esprit de sérieux. C’est une pièce d’ironie, désinvolte et, pour toujours, adolescente. Philippe Verrièle, Danser Canal historique
Après un séjour à New York à la fin des années 70 où il rencontre Merce Cunningham et découvre l’univers de la post-modern Dance (Yvonne Rainer, Lucinda Childs, Trisha Brown,…), Jean-Claude Gallotta fonde en 1979 à Grenoble – avec Mathilde Altaraz – le Groupe Émile Dubois qui devient en 1984 l’un des premiers Centres chorégraphiques nationaux, inséré dans la Maison de la culture de Grenoble, dont il sera également le directeur de 1986 à 1988.
Ulysse, 1981, lui ouvre les portes de la reconnaissance internationale, jusqu’à Shizuoka où il dirige une compagnie japonaise de 1997 à 1999. Suivront notamment Daphnis é Chloé (1982,) Hommage à Yves P. (1983), Mammame (1985), Docteur Labus (1988), Presque Don Quichotte (1999), Nosferatu (à l’Opéra de Paris, 2001). Attaché à ouvrir grand les portes de la danse contemporaine, il propose une série de pièces sur et avec « les Gens », dont Trois Générations (2004), et Racheter la mort des gestes (Théâtre de la Ville, 2012), où il mêle danseurs professionnels et personnes de tous âges, de toutes corpulences, de toutes histoires.
Puis son répertoire de plus de quatre-vingts chorégraphies s’enrichit au fil des années par le croisement de la danse avec les autres arts : le cinéma (il a lui-même réalisé deux longs-métrages), la vidéo, la littérature, la musique classique. Son Sacre et ses révolutions, en 2015, est présenté à la Philharmonie de Paris ; en 2016, il crée Volver avec la chanteuse Olivia Ruiz, à la Biennale de la danse de Lyon ; cette même année, son Groupe Émile Dubois, redevient compagnie indépendante. Il travaille également autour des figures du rock avec le triptyque My Rock, My Ladies Rock et la recréation de l’Homme à tête de chou en 2019 au Printemps de Bourges.
En 2020, il rend hommage à son premier maître, Merce Cunningham, en créant le Jour se rêve, accompagné par le musicien Rodolphe Burger et la plasticienne Dominique Gonzalez-Foerster. Parallèlement, il développe une forme adaptée à l’espace public, Climatic’ Danse, ainsi que sa version pour enfants, Danse, ma planète, danse !
En 2021, il recrée, à la demande du Volcan, Scène nationale du Havre, Ulysse, 40 ans après sa création.
À la rentrée 2022 il crée Pénélope versant féminin et contemporain de son Ulysse originel. Jean-Claude Gallotta est hébergé avec sa compagnie à la MC2: Grenoble.
Ulysse, 40 ans après… Cet Ulysse appartient à l’histoire chorégraphique, il est considéré comme l’une des pierres angulaires de la nouvelle danse française. Quel était le contexte à la création en 1981 ?
Au départ, je voulais faire un « event », à la manière de Merce Cunningham. Une continuité faite de « bouts » chorégraphiques déjà existants. Mais au-delà de la performance, je voulais voir si je pouvais maitriser une chorégraphie dans la durée, faire un event qui serait une œuvre entière. Un ballet, un vrai. Un ballet purement chorégraphique, sans livret, sans « théâtre », guidé par le seul mouvement.
Si cette pièce est devenue emblématique, c’est sans doute qu’elle est arrivée au bon moment. Peut-être, à cette époque, était on lassé du néo-classique. En se rangeant sous la bannière
« ballet », en proposant une forme longue de l’event, Ulysse a pu être perçu comme un des actes fondateurs ouvrant une nouvelle période chorégraphique.
Tu parles alors de « ballet blanc »…
Oui, lorsque j’ai débuté, j’ai voulu « faire comme », j’ai souscrit à cette idée que tout chorégraphe devait faire son ballet blanc, un peu à la manière de la plupart des compositeurs qui se sont essayés à la forme du Requiem. Le ballet « pur », céleste, immaculé, fasciné par l’idée de perfection, un ballet du mouvement pur. C’est ce que j’ai fait, à ma manière, Ulysse est un ballet blanc, mais mâtiné de Buster Keaton… !
Ulysse est l’œuvre à laquelle tu es revenu le plus souvent, tu as dit pourtant un jour que ce n’était pas ton œuvre préférée…
Pendant longtemps, j’ai pensé que cette pièce était trop classique. Je ne le dirais plus aujourd’hui. À force de la reprendre au cours des années j’ai vu au contraire que tout en restant la même elle pouvait changer de nature, qu’elle était plus malléable qu’il n’y paraissait, qu’elle contenait une modernité, qu’en la déclinant ainsi je pouvais la faire jouer avec chacune des époques qu’elle traversait.
En 2007, la reprise portait le nom de Cher Ulysse, la musique n’était plus la même, les pendrillons du décor étaient « affalés » comme les voiles d’un bateau… tu proposais un Ulysse qui cherchait à refléter une époque moins resplendissante que celle des années 80…
Oui, avec cette version de 2007 j’ai voulu en effet interroger ce moment de l’Histoire, le début du XXIème siècle, que nous traversions. En 2021, je souhaite positionner le spectacle autrement ; montrer davantage un art chorégraphique qui résiste aux fluctuations moroses de la société.
Cet Ulysse 2021 ne se laissera pas, ou du moins pas consciemment, colorer par la tonalité de l’époque actuelle. Il ne la subira pas, au contraire, je voudrais en quelque sorte qu’il l’illumine. Ainsi, en revenant aux sources de 1980, je ne « nostalgise pas », loin de là, je réponds aux craintes, aux angoisses, à l’avenir incertain, par une pièce violemment vivante.
En 2021, peu de spectateurs auront pu connaître la version originale. Est-ce que cela a compté dans ton choix de la reprendre ?
Je ne dirais pas que ça a compté dans mon choix, même si reprendre une pièce c’est toujours espérer connaître des spectateurs nouveaux. Non, je suis simplement content de m’y repencher. Cette pièce, maintes fois reprises, m’intéresse encore en tant que telle. Elle fait même naitre en moi aujourd’hui des envies de la prolonger. Je la pense désormais comme un premier volet d’un diptyque dont le second sera une sorte de ballet noir intitulé Pénélope.
As-tu déjà des intentions sur la façon dont tu vas aborder le travail en répétition ?
Je n’ai pas d’intention. Je ne veux pas en voir. J’attends d’être dans le studio de répétition.
Ce sont les interprètes, avec les qualités physiques et chorégraphiques qui leur sont propres, qui m’aideront à trouver des réponses, c’est par eux que change une chorégraphie.