Exposition

Visages de Justice

Grégoire Korganow

En 2022, le photographe Grégoire Korganow a été invité à investir les tribunaux de Toulon et à réaliser une série inédite sur les avocats. À travers cette immersion, il a donné des visages à la Justice, a témoigné de la théâtralité du tribunal. Ses images, en noir et blanc, semblent taiseuses alors que ces lieux sont l’apanage de l’oralité. Ses clichés revêtent le masque de la gravité car ils nous rappellent que derrière chaque avocate ou avocat, un destin est en jeu. Vernissage jeudi 30 mars à 18h Rue des Arts, puis au Liberté.

Lieu
  • Hall du Liberté et Rue des Arts
Accessibilité
  • Pour tous
  • Dates
  • Du jeudi 30 mars 2023
  • Au samedi 3 juin 2023
Gratuit en accès libre
Informations pratiques

Depuis deux ans, Châteauvallon-Liberté, en collaboration avec le magazine de l’air, organise une résidence photographique. Bertrand Desprez s’était plongé dans le grand bleu pour la première. Grégoire Korganow a lui porté son regard sur la robe noire pour nous donner à voir autrement la justice.

Ce photographe, qui mène depuis de longues années un magistral travail sur les centres de détention s’est en effet focalisé sur le travail des avocats. En novembre et en décembre 2022, il a ainsi investi les tribunaux de Toulon pour réaliser une série inédite sur celles et ceux qui ont prêté serment de défendre, qui que ce soit. Il a pu assister librement à des audiences où l’appareil photo est ordinairement proscrit.

À travers cette immersion totale, Grégoire Korganow a donné des visages à la justice, a témoigné de la théâtralité du tribunal. Avec distance, par respect, ces acteurs et actrices sont présentés. Il y saisit des plaidoiries, mais aussi des instants de solitude, des moments de réflexion ou de confrontation. Ses images, en noir et blanc, semblent taiseuses alors que ces lieux sont l’apanage de l’oralité. Ses clichés revêtent le masque de la gravité car ils nous rappellent que derrière chaque avocate et avocat un destin est en jeu.

Vernissage jeudi 30 mars à 18h Rue des Arts, puis au Liberté. Le vernissage au Liberté est organisé avec le Conseil des Vins de Provence et en partenariat avec les domaines Figuière et Lolicé. À cette occasion, un sommelier animera un atelier de dégustation ludique.

Avec le soutien de la librairie Charlemagne, du Grand Hôtel Dauphiné et de TPM Très Haut Débit.

Après un travail photographique de plusieurs années dans les centres de détention, vous vous immergez en novembre et décembre 2022 dans les tribunaux de Toulon. Quelles ont été les difficultés à contourner ?

Grégoire Korganow — Comme pour mon travail en prison, la difficulté première a été de faire accepter l’appareil photo. J’ai été cependant surpris par la rapidité avec laquelle le personnel de Justice (avocats, huissiers, juges…) a accepté sa présence. Je crois que toutes et tous avaient le désir de montrer en toute transparence comment s’exerce la Justice en France. J’ai alors réalisé l’incroyable opportunité qui m’était offerte de pouvoir poser mon regard durant des audiences d’ordinaire interdites à l’image. C’est chargé de cette responsabilité que je me suis efforcé de saisir ce théâtre souvent tragique qu’est le tribunal. Je me suis remémoré les dessins du caricaturiste Honoré Daumier (1808-1878) qui avait beaucoup officié dans les salles d’audience et je me suis dit que la vérité se trouvait autant dans les visages que dans les corps.

Comment saisissez-vous la tension et les enjeux humains qui se jouent dans un tribunal ?

G. K. — Depuis mes débuts en tant que photographe, c’est l’humain qui m’intéresse. Je ne suis cependant pas un photographe humaniste mais plus un témoin privilégié de la nature humaine dans toutes ses contradictions, sa laideur comme sa beauté. Le tribunal est l’ombre portée et brutale de notre société. Ici, il y a peu de place au bonheur et les destins croisés sont souvent brisés. C’est difficile à regarder. Cela demande de l’humilité et de savoir rester à distance, sur le seuil. J’observe alors les mouvements contraires. Celui des accusés qui, au bord du gouffre, risquent de basculer dans cet outre-monde qu’est la prison. Et celui des avocats qui tentent, souvent avec des moyens dérisoires, de leur éviter la chute. C’est cette tension que j’essaie de saisir, ce moment indicible où le sort de ces femmes et de ces hommes, invisibles à l’image, va basculer. Les avocates et avocats sont aux avant-postes. Je me place à leurs côtés et je les regarde avec reconnaissance. Elles et ils sont les ultimes défenses, souvent vaincues.

Qu’avez-vous découvert du monde de la justice lors de cette résidence ?

G. K. — La principale découverte que j’ai fait est que le personnel de Justice, et en l’occurrence le personnel du Barreau est principalement constitué de femme, surtout en matière correctionnelle. Elles sont pour moi les héroïnes magnifiques de cette série photographique. Elles défendent des accusés majoritairement masculins et parfois coupables de violences faites aux femmes. Beaucoup d’entre elles sont jeunes, viennent juste de prêter serment et elles se retrouvent propulser au cœur du drame. Elles livrent souvent des batailles perdues d’avance mais elles le font avec force et engagement. Je trouve que dans leur visage, leur ténacité, leur dignité se tient toute la vérité de la justice.

Propos recueillis par Stéphane Brasca, magazine de l’air, en février 2023

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