Une soirée comme une traversée dans le destin croisé du hip-hop et de la Scène nationale, pour célébrer l’histoire unique de cette danse en France, de ses racines dans la rue à son essor sur les plus grandes scènes, dont Châteauvallon a été l’un des fers de lance. Cette soirée, orchestrée par Kader Attou et sa compagnie Accrorap, rend hommage à une culture qui a su transformer le geste brut en écriture chorégraphique audacieuse.

La danse hip-hop est née d’un cri. Un cri lancé depuis les marges, un cri de résistance, de survie, mais aussi de beauté brute. Un cri qui, depuis plus de quarante ans, est devenu geste, parole, souffle, et qui n’a cessé de se réinventer au fil des corps, des luttes et des scènes.

Pour cette carte blanche, j’ai réuni mes danseur·euses autour d’une soirée où la lutte et la poésie s’entrelacent. Où le mouvement hip-hop dialogue avec la parole écrite et portée par Mathieu Letuvé, metteur en scène et comédien, qui prête sa plume et sa voix à cette traversée. Le texte agit ici comme une respiration, un contrepoint ou un écho au geste dansé — tantôt chant de révolte, tantôt murmure intérieur.

Au cœur de cette création, une métaphore guide nos pas : celle de la boxe et de la danse. Deux disciplines de l’engagement total, de la précision, du rythme. Deux langages du corps qui racontent l’affrontement, la solitude, le courage. Le ring et la scène ont ceci en commun qu’ils exigent tout. Et que parfois, il faut tomber pour apprendre à se relever autrement.

Cette soirée n’est ni un spectacle figé, ni un manifeste fermé. C’est un terrain mouvant, un espace de liberté et de création. Une tentative d’embrasser l’indocile, de faire entendre les silences, et de célébrer la puissance de l’art comme territoire de lutte, de poésie, et d’humanité partagée.

Le hip-hop est au cœur de cette soirée. Non pas seulement comme style ou esthétique, mais comme nécessité. Comme langage du réel, capable d’embrasser l’histoire des luttes, les colères enfouies, les beautés fragiles et les espoirs tenaces. Car danser aujourd’hui, c’est affirmer que nous sommes encore là. Présent·es. Vivant·es. En mouvement.

À Châteauvallon, lieu de mémoire, de culture et d’engagement, cette carte blanche est une célébration et une vigilance, une invitation à continuer, ensemble, à faire vibrer les cœurs.

Kader Attou

Photo © Archive Châteauvallon
Texte © Kader Attou & Vanessa Asse

De 19h à 20h30, laissez-vous porter par une déambulation sur le site de Châteauvallon.
Vous y retrouverez un ring, du popping, du break, du beatboxing ou encore du graffiti.

Danse | Lieu Esplanade (de 19h à 20h)
De Kader Attou

Pas celui d’un combat à finir, mais d’un combat à vivre. Un espace symbolique, brut et sacré, où les mots frappent et les gestes répondent.

Ici, la parole de Mathieu Letuvé, comédien et metteur en scène, portée par des extraits de son
spectacle Raging Bull (cie Caliband Théâtre), résonne comme un uppercut. Une langue tendue, habitée, qui dit la rage, la fêlure, la solitude et l’orgueil des corps qui tombent et se
relèvent.

Autour de cette parole, les danseur·euses entrent dans l’arène. Leurs mouvements ne viennent pas illustrer, mais dialoguer, répondre, résister. Une chorégraphie comme un écho physique à la tension du texte, entre esquives et charges, silences et fulgurances.

Ce premier moment invite les spectateur·rices dans un voyage sensoriel, poétique et ludique, où les frontières entre théâtre et danse s’effacent.

On n’est plus sur un ring. On est dans une traversée. Une entrée en matière comme une promesse : celle d’une soirée placée sous le signe du vertige, de la beauté, et de la puissance des corps parlants.

Graffiti — Performance live | Lieu Parvis du Théâtre couvert
De BEBAR

→ Pour les 60 ans de Châteauvallon, carte blanche a été donnée à BEBAR pour réaliser une fresque et faire la part belle au street art.

Performance participative à la craie | Lieu Entrée du Groupe B
Avec Floya Jam

→ Tout au long de la déambulation, participez à la création d’un Mandala géant.

Graffiti — Performance live | Lieu Naos
De Jérémy Besset

DJ set | Lieu Entrée de l’Amphithéâtre
Avec DJ Clam

Un des meilleurs techniciens du mixe et du scratch aux influences variées, il multiplie les concerts et les DJ sets partout en France, transmettant sa passion et les codes du genre aux plus jeunes.

→ Profitez d’un DJ set aux dernières lueurs du jour.

Performance — Beatbox | Lieu Théâtre couvert
Avec Eklips

Véritable boîte à rythmes humaine ambulante, Eklips incarne avec brio les plus grands rappeurs français et américains et maîtrise le beat box avec une reconnaissance comme l’un des meilleurs au monde.

→ Une représentation de 1h vous est proposée pour (re)découvrir le beatboxing, composante majeure de la culture hip-hop ! Rendez-vous à 19h30.

Dans l’amphithéâtre à ciel ouvert, les corps reprennent la parole. Un espace de liberté s’ouvre, propice au partage, à l’écoute, au vertige poétique.
Ici, pas de compétition, pas de hiérarchie, mais un temps suspendu, dédié à l’essentiel : l’humain, le vivant, l’instant.

Ce moment réunit des extraits choisis des spectacles emblématiques de la compagnie — Douar, Petites histoires.com, The Roots… ainsi qu’un solo issu de Le Syndrome de l’exilé de Babacar Cissé (Cie Les Associés Crew), un voyage chorégraphique où les questions d’identité, de déracinement et de résilience s’incarnent dans la chair. Les textes de Mathieu Létuvé, quant à eux, jalonnent cette traversée. Ces mots murmurés ou clamés deviennent la bande-son intérieure de cette cérémonie du corps.

Ce sont des fragments de mémoire et de création, des éclats d’histoires individuelles et collectives, offerts au public comme autant de morceaux de luttes, d’élans, de beauté. Des instants inédits sont également créés pour l’occasion, car ce spectacle est aussi un laboratoire vivant, un terrain d’expérimentation, un manifeste en perpétuel renouvellement.

La poésie reste au cœur. Elle tisse les liens invisibles entre les artistes et les spectateur·rices, entre le geste et le sens. Elle devient un outil pour faire face, pour résister, pour rêver autrement. Une poésie du corps, parfois brute, parfois suspendue, traversée d’images vidéos, de silences habités, de « petits pas » ou de grandes envolées — où chaque mouvement, même minime, porte en lui une histoire.

C’est ici que la danse hip-hop déploie toute sa puissance : virtuose, engagée, ancrée dans le sol autant que tournée vers l’élévation. Une danse qui n’a jamais oublié d’où elle vient des rues du Bronx aux scènes de France et qui, ce soir encore, rend hommage à cette culture vivante, née dans l’urgence et devenue langage universel.

Dans l’écrin minéral de l’Amphithéâtre, entre ciel et pierre, c’est une fête sensible que nous partageons. Un temps où la danse devient un acte de résistance et de célébration. Un moment pour se rappeler que nous sommes malgré tout des corps debout, en mouvement, et profondément vivants.

Chorégraphie et direction artistique Kader Attou
Danse et interprétation Babacar Cissé, Jikay (Antuf Hassani), Azdine Bouncer, Alexis de Saint Jean, Damien Bourletsis, Simon Hernandez, Aline Lopes, Yann Miettaux, Nabjibe Said, Margaux Senechault, Nour Attou, Camille Magnan, Mathieu Létuvé et Stark (Elarif Hassani)
Vidéo Damien Bourlestis
Lumières Fabien Leforgeais

Production Compagnie Accrorap
Coproduction Châteauvallon-Liberté, scène nationale

La Compagnie Accrorap bénéficie du soutien du Ministère de la Culture — DRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur au titre de la compagnie conventionnée, de la Région SUD Provence-Alpes-Côte d’Azur, du Département des Bouches-du Rhône, et de la Ville de Marseille. La Compagnie Accrorap est résidente à la Friche La Belle de Mai.

Danseur, chorégraphe et directeur artistique de la Compagnie Accrorap, Kader Attou est un des représentants majeurs de la danse hip-hop. Avec une démarche artistique humaniste et ouverte sur le monde qui fusionne les influences et décloisonne les genres, Kader Attou a contribué à transformer le hip-hop en une nouvelle scène de danse, faisant émerger une danse d’auteurs reconnue comme une vraie spécificité française.

La fièvre des années 90
En 1989, dans la fièvre de la découverte du breakdance, Kader Attou crée la Compagnie Accrorap avec ses amis du cirque Eric Mezino, Chaouki Saïd, Lionel Frédoc et Mourad Merzouki pour sortir de la performance de rue et apporter du sens à leur chorégraphie. Acrobaties, break et danse classique font le succès d’Athina lors de la Biennale de la danse de Lyon en 1994, qui préfigure une révolution chorégraphique et consacre la naissance d’une danse hip-hop capable d’investir un plateau de théâtre.

Voyages et rencontres : le cœur d’une démarche artistique
Depuis 1996, Kader Attou dirige seul la Cie Accrorap, poursuivant cette aventure collective avec de nombreuses créations et tournées en France et à l’étranger. Il inscrit sa danse dans le partage, le dialogue des cultures et le croisement des esthétiques. Son écriture s’inspire de différentes disciplines comme le cirque, la danse contemporaine et la danse indienne, les arts visuels, la musique traditionnelle arabe, classique, hip-hop ou électro acoustique. Il cherche dans les voyages et les rencontres la matière qui nourrit ses œuvres. Ainsi, Anokha (2000) mêle hip-hop et classique indien tandis qu’avec Les corps étrangers (2006), il crée un pont entre la France, l’Inde, le Brésil, l’Algérie et la Côte d’Ivoire. Enfant de l’immigration, les questions de l’identité, de la différence et de l’altérité fondent sa démarche, transformant sa danse en un lieu de convergence où se construit une communauté de corps et d’émotions.

Créer des univers sensibles pour révéler la poésie du hip-hop
Dès le début, il considère la danse hip-hop comme une discipline d’art et de recherche mais aussi, et c’est ce qui fait sa singularité, comme un moyen de témoigner sur la condition humaine, de réfléchir sur des questions de société. Prenant la liberté d’inventer une danse riche qui ne s’interdit rien, il ne cesse de renouveler le hip-hop avec créativité sans renier ses valeurs fondatrices. Avec Symfonia Pieśni Żałosnych du compositeur polonais Henryk Górecki, il sera le seul chorégraphe hip-hop à créer à partir d’une œuvre musicale intégrale et classique, explorant le lien entre les énergies, les intentions de sa danse plurielle et celles de la musique et des instruments. En 2021, il crée Les Autres, une pièce accueillie à Châteauvallon pour six danseur·euses issu·es des esthétiques hip hop et contemporaines, et deux musicien·nes aux instruments aussi rares qu’atypiques, un Cristal Baschet et un thérémine. Avec cette création, Kader Attou renoue le dialogue entre la musique, la danse et la scénographie dans un univers qui fait la part belle à l’étrange poétique.

Des actes et une reconaissance
En 2008, Kader Attou est nommé directeur du CCN de La Rochelle et du Poitou-Charentes, devenant ainsi le premier chorégraphe hip-hop à la tête d’une telle institution. Il développe un projet culturel de territoire d’envergure avec une forte dimension internationale. Il accompagne l’émergence de nombreuses compagnies et crée en 2016, le Festival Shake qui soutient la diversité de la danse hip-hop. En 2013, il est promu au rang de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres.
En 2015, il est nommé Chevalier dans l’Ordre National de la Légion d’Honneur.
Depuis 2022, il s’est installé à la Friche la Belle de Mai à Marseille et s’implante dans la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Il est artiste associé à Scènes et Cinés, Scène conventionnée Art en territoire.

La création de Prélude, pièce pour le territoire, est une invitation du chorégraphe Kader Attou à une dizaine de danseurs et danseuses professionnels hip-hop de la Région à investir son univers artistique. Cette pièce « tout terrain » – présentée pour la première fois dans le cadre du Festival de Marseille – a vocation à partir à la rencontre de tous les publics et à mener la danse hip-hop là où on ne l’attend pas, aux confins de l’écriture chorégraphique pour y tisser des liens entre les acteur·rices du territoire et les artistes.

En 2023, Kader Attou convoque un quatuor de danseurs et danseuses, les superbes illustrations de Jessie Désolée et donne vie à un bestiaire poétique, peuplé de chimères, plantes et animaux fantastiques. Le Murmure des Songes, pièce tout public à partir de 5 ans, nous plonge dans le monde de l’enfance.

Mathias Mendez, alias BEBAR, est un peintre contemporain français né en 1993 à Vitry-sur-Seine. Influencé par sa double culture franco-espagnole, il développe dès l’enfance une passion pour le dessin, seul moyen de canaliser son hyperactivité. Il oscille entre art urbain et formation académique, entre les Arts Décoratifs de Paris et la Parsons School of Design à New York. De cette dualité constante naît un style unique, à la fois figuratif et abstrait, en perpétuelle évolution.
Reconnu pour son néo-muralisme coloré, visible dans les rues de Paris, Montréal ou New York, BEBAR cherche avant tout à « offrir au spectateur la possibilité de s’évader un instant ».

Acharnée de travail, Floya Jam ne renonce jamais et c’est grâce à cette qualité et à son art qu’elle s’est taillée une place de choix sur la scène artistique aussi bien locale qu’internationale !

En 2013, sa combativité et sa soif de réussite sont récompensées par le prix « Talent des Cités »… Une superbe récompense bien méritée ! Elle poursuit actuellement son travail d’artiste urbaine et met également son art au service des plus jeunes lors d’ateliers dans les quartiers de la cité brignolaise grâce au soutien indéfectible de Fabienne Lacroix, galeriste, responsable du Bazar du Lézard à Brignoles.

Jérémy Besset est un artiste peintre. Il est également le créateur et fondateur du Festival de la Craie. Son art combine plus de vingt ans d’expérience alliant graffiti, patines et calligraphie. Son travail évoque une énergie haute en couleurs avec des messages positifs et universels.

Dj Clam est l’un des meilleurs techniciens du mixe et du scratch, il multiplie les concerts et les DJ sets partout en France, transmettant sa passion et les codes du genre aux plus jeunes.

Véritable boîte à rythmes humaine ambulante, Eklips incarne avec brio les plus grands rappeurs français et américains et maîtrise le beat box avec une grande renommée. Il se lance aujourd’hui dans un show inédit et ludique, sur la musique la plus écoutée : le rap ! On part de sa Bourgogne natale, et on finit à L.A avec Dr Dre, en passant par les plus grands noms du rap Français.