Originaire de Sicile, Davide Enia s’est rendu à plusieurs reprises sur Lampedusa. Ému par les réfugié·es qu’il y croise, l’auteur s’est intéressé à la manière dont la crise migratoire transforme le quotidien des habitant·es de l’île. Sauveteur·ses, pêcheur·ses, médecins : toutes et tous ont été confronté·es à cette actualité, et ont vu leur vie bouleversée. Il en a tiré ce texte lucide et poignant interprété par Jacques et Léon Bonnaffé. Les deux acteurs tirent le fil d’une relation père-fils marquée par les non-dits, les contradictions et les fragilités.

Ici, pas de grands discours, mais des confessions et des silences. Serions-nous, nous aussi, prêt·es à sauver des vies ? Entre récit intime et matière documentaire, Abysses interroge notre capacité d’accueil et d’humanité.

Texte Davide Enia
Mise en scène Sara Amrous et Jacques Bonnaffé
Avec Jacques Bonnaffé et Léon Bonnaffé
Lumières et régie générale Ronan Cabon
Administration et production Émilie Morin
Production et diffusion Carol Ghionda

Production Compagnie Faisan
Coproduction Châteauvallon-Liberté, scène nationale
Coproduction et accueil en résidence de création Avant-Scène Cognac,
Scène conventionnée

Photo © Sylvie Granotier
Texte © Vanessa Asse

Abysses est une pièce de Davide Enia, écrivain Italien dont la réputation s’est faite en France par le mémorable Italie-Brésil 3 à 2, récit d’un match de football au sein d’une famille italienne. Il est par ailleurs auteur de nombreux récits et présente cette pièce comme un carnet bâti à travers plusieurs voyages sur l’île de Lampedusa.

Si le thème central est celui des migrants, leur échouage sur les côtes de la Méditerranée, c’est du désarroi de l’auteur lui-même dont il est question, de ses interrogations sur la forme à donner à ce témoignage, jusqu’à y mêler sa vie propre, son père sicilien, énigme de silence et d’introspection, son oncle adoré qui est progressivement emporté par un cancer. Figures familiales auxquelles s’ajoutent celles des amis sur l’île, qui ont vu leur vie basculer en quelques nuits de détresse, anéantissant d’autres familles venues d’ailleurs.

Par effet documentaire, la contribution des sauveteurs et celle des pêcheurs cogne le récit, bourdon régulier, d’égale importance dans l’affect quoique plus distancié. Leur implication est professionnelle, à travers leurs voix c’est le savoir-faire et nos niveaux d’intervention, nos capacités qui sont interrogées : sauver des vies, au-delà des missions humanitaires, dans le sentiment brut d’une règle maritime infranchissable.

On peut aussi défendre et présenter la pièce par ces simples mots : une écriture de plein fouet illustrant la Méditerranée, berceau de l’Europe.

Né le 2 avril 1974 à Palerme, Davide Enia commence à écrire en 1988. Auteur de théâtre souvent récompensé en Italie, il a été reconnu en France suite à la parution de son roman Sur cette terre comme au ciel publié aux éditions Albin Michel en 2016 (prix du premier roman étranger). La Loi de la mer (Appunti per un naufragio), publié chez Albin Michel en 2018 remporte le Prix Mondello la même année.

Il est considéré avec Ascanio Celestini comme un représentant majeur de la seconde génération du théâtre récit. On lui doit notamment Maggio 43, récit du bombardement allié sur Palerme (prix Ubu 2003) et un dyptique plus intime sur l’adolescence intitulé Capitoli dell’infanzia (2006-2008) – publié en livre et DVD chez Fandango.

En 2010, dans une traduction d’Olivier Favier, nous avions eu l’occasion de découvrir en France sa pièce Italia Brasile 3 a 2, un récit minute par minute du match de football du 5 juillet 1982.

Danseuse et plasticienne, Sara Amrous commence le théâtre en Biélorussie à Minsk où elle participe à une masterclass d’un an autour de la méthode Stanislavski avec les professeurs de l’Académie des Arts.

Elle suit des cours d’Art Dramatique et de chant lyrique à Paris (conservatoires des Vème et XVème arrondissements), lorsqu’elle intègre en 2009 l’école Supérieure du Théâtre National de Bretagne sous la direction de Stanislas Nordey. Sara participe alors aux projets de Thomas Jolly, Benjamin Lazare, Eric Lacascade, Adel Hakim, Serge Tranvouez, Bruno Meyssat, Eric Didry, Maya Bösch, Yves Noël Genod et Stanislas Nordey.

Elle écrit et met en scène son premier spectacle Jardins Secrets en 2009 au Théâtre du Rond-Point, un projet qui sonde les rouages de la cellule familiale.

À la sortie du TNB elle fonde et co-dirige la compagnie FIEVRE; elle monte notamment Violences de D.G Gabily, le projet TCHAIKA (libre adaptation de La Mouette d’A. Tchékhov) et joue dans On ne badine pas avec l’Amour, mis en scène par Yann Lefeivre. En 2012 elle rejoint le Laboratoire d’Auteurs Metteurs en Scène et Acteurs (LAMA) dirigé par Roland Fichet.

Entre 2012 et 2013 elle participe à l’enregistrement de pièces radiophoniques pour France Culture (Réalisation par Marguerite Gateau); au cinéma elle tourne sous la direction de César Vayssié dans le film UFE; au théâtre elle joue sous la direction de Pauline Susini, Bernard Sobel, Yann Lefeivre et Lucie Raimbaud.

Artiste pluridisciplinaire, elle cherche à développer une écriture de plateau singulière/originale ? qui lui permette de composer avec chacun des univers artistiques qu’elle affectionne – le théâtre, la musique, la danse et les arts plastiques. Très sensible aux questions qui traitent du choc des cultures, elle interroge par différentes approches les territoires intimes de l’art et le politique : la mise en scène de textes, l’écriture – théâtrale et poétique, la peinture et la chorégraphie.

En 2019 elle fonde la compagnie AÏDA avec laquelle elle crée Jusque Très Loin qu’elle écrit et met en scène ou encore L’Invitation au Voyage, un spectacle musical autour des poèmes de Charles Baudelaire.