À l’heure des intelligences artificielles, que reste-t-il de nos corps ? Au plateau, cinq interprètes, tels des pantins, sont emporté·es dans une vague de mouvements rapides. Au rythme d’un métronome, elles et ils avancent ensemble dans une parfaite synchronisation. Leurs pas saccadés les entraînent dans une transe contenue.

Soudain, certain·es ralentissent, traversé·es par des pulsions de vie, comme électrisé·es par l’instant. D’autres attaquent le geste avec ferveur et frénésie et semblent diverger. Et pourtant, le courant passe indéniablement. Toutes et tous sont lié·es de manière invisible mais réelle et partagent le même espace.

Chorégraphie Nawal Aït Benalla
Danseur·euses Elie Fico, Alba Fracchia, Marion Frappat, Alfredo Gottardi et Rachele Pinzan
Concept musical Nawal Aït Benalla
Composition et arrangements Olivier Innocenti
Création lumière Laïs Foulc

Production Compagnie La Baraka
Coproductions Châteauvallon-Liberté, scène nationale / Le Manège Maubeuge – Scène nationale transfrontalière / Les Théâtres de la Ville de Luxembourg
Soutiens DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, Adami
Partenaires Théâtre Silvia Monfort ; Annonay Rhône Agglo – « En Scènes »

Photos © Julie Cherki
Texte © Vanessa Asse

Ce qui nous traverse milite pour un retour en avant, en réinterrogeant notre rapport aux corps, à la relation physique, à l’espace commun. Au plateau, six interprètes aux morphologies bien distinctes sont emmenés dans une vague de mouvements rapides ; pensée comme un rite. L’écriture métronomique, dissociée, répétitive, engage les danseur·ses dans une forme de transe contenue. Cette contrainte entraine sous nos yeux, le corps des six protagonistes vers une transformation. Ils s’incarnent, certains ralentissent, traversés par des pulsions de vie, comme électrisés par l’instant. D’autres attaquent le mouvement, comme un pianiste se jette tout entier sur une touche, avec ferveur et frénésie. L’écriture joue avec les ruptures, le rythme parfois extrêmement lent, en résistance, comme pour laisser voir à travers la peau. Le courant passe, tous sont liés, de manière invisible mais réelle. Ils partagent le même espace, le même monde.

Nawal Aït Benalla

Née à Safi au Maroc en 1978, d’un père Berbère et d’une mère Française, Nawal arrive en France à l’âge de 8 ans. Elle commence la danse classique (technique Vaganova), par hasard, invitée par une amie. Cela agit sur elle comme un révélateur. Dans la meilleure école de danse de Millau (Aveyron), où ses parents se sont installés, elle décide à 15 ans de poursuivre sa scolarité par correspondance pour se consacrer de manière acharnée à la danse. Elle trouve sa façon d’être au monde, un moyen de s’ancrer. Nawal part s’installer à Paris en 1997, où elle s’ouvre au jazz et à la danse contemporaine. Elle intègre l’Armstrong Jazz Ballet et travaille avec les chorégraphes Matt Mattox, Georges Momboye & Wayne Barbaste. En 2003, elle rencontre Peter Goss et suit de manière intensive ses cours de danse contemporaine et de yoga. Précision, recherche et analyse pointue du mouvement, le chemin qu’emprunte alors Nawal l’emmène vers la question de la transmission et de la recherche. En 2005, elle obtient le Diplôme d’État de Professeur de Danse au CND Paris.

Artiste polyvalente

Entre 2000 & 2001, Nawal part en tournée mondiale avec le DJ Laurent Garnier. Elle danse sur les plus grandes scènes de musique électronique internationales, de Berlin à Reykjavik, en passant par Barcelone et les Eurockéennes de Belfort. Entre 2003 & 2005, elle est engagée à l’Opéra de Paris, pour Guillaume Tell, chorégraphie Blanca Li, mis en scène par Francesca Zamballo. Au Châtelet, elle travaille pour Jacques Weber, comme danseuse et comédienne dans Cyrano de Bergerac et Les Troyens de Yannis Kokkos (Grand Prix de la Critique). Elle fréquente le milieu de la comédie musicale dans Le Chanteur de Mexico avec Rossy de Palma. Parallèlement, Nawal participe à de nombreux clips pour Elie Chouraqui, Arielle Dombasle…

Compagnie La Baraka : un virage à 180°
Danseuse & assistante chorégraphique

Nawal intègre La Baraka en 2006, fondée par Abou Lagraa en 1997. Pour la Biennale de danse de Lyon 2008, elle interprète avec le chorégraphe le duo D’eux sens suivi d’une tournée de 4 ans dans toute l’Europe. Elle danse dans plus de 6 productions et devient l’une des figures de la compagnie. Elle joue sur les plus grandes scènes : Chaillot – Théâtre nationale de la Danse, Seattle, Moscou Territory Festival, Théâtre national d’Alger, Performing- Arts Washington. Ses qualités d’interprète sont saluées dans le Washington-Post « une artiste dont on ne peut détourner le regard » (mars 2009). Parallèlement, elle assiste à la chorégraphie Abou Lagraa : Nawal (L’offrande) au CMDC de Tunis (2006), au Memphis Ballet USA (2007) ; cérémonie de clôture du Festival Panafricain d’Alger (2009) ; Nya pour le Ballet Contemporain d’Alger (2010) ; Wahada pour le Ballet du Grand Théâtre de Genève (2018).

Transmission et engagement : ADN de l’artiste

Convaincue que l’art et l’engagement social sont indéfectiblement liés, Nawal a créé le pôle pédagogique de la Compagnie la Baraka. Parmi ses nombreux projets, les programmes de professionnalisation, alliant formation et création : Pont Culturel Méditerranéen (France/Algérie, 2010), pour 10 danseurs algériens choisis parmi 400 candidats, créant ainsi le premier Ballet Contemporain Algérien ; Femmes sur le devant de la scène (Lyon, 2015) pour 7 jeunes talents féminins aux parcours atypiques et empêchés; Premier(s) Pas (France/Europe, depuis 2019), programme d’accompagnement et structuration de carrière pour chorégraphes émergent·es.