Théâtre

Montessori

Charles Berling — Bérengère Warluzel

Après les textes d’Hannah Arendt pour le spectacle Fragments, Bérengère Warluzel porte au plateau la voix et la pensée de Maria Montessori dans un nouveau spectacle intense et inspirant.

Lieu
  • Le Liberté
  • Salle Fanny Ardant
Accessibilité
  • Pour toutes et tous
    • dès 14 ans
  • Dates Durée estimée 1h15
  • mardi 14 mai 2024 20:00
  • mercredi 15 mai 2024 20:00
  • jeudi 16 mai 2024 20:00
  • vendredi 17 mai 2024 20:00
Tarifs
  • Plein tarif 30 €
  • Tarif adulte avec la carte Châteauvallon-Liberté 20 €
  • Tarif partenaire (CSE et Associations culturelles partenaires) 20 €
  • Tarif - 30 ans 15 €
  • Tarif - 18 ans 10 €
  • Tarif solidaire 5 €

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Informations pratiques

Visionnaire, Maria Montessori l’a été, très certainement, et les réflexions de cette femme du début du XXe siècle résonnent si justement aujourd’hui encore. Son incroyable parcours de femme, féministe et moderne, l’a conduite à exercer inlassablement auprès d’enfants démunis, ceux qu’on appelait « les idiots de Montessori », et leur a rendu, peu à peu, leur dignité. L’approche sensorielle et la confiance portée aux enfants sont au cœur de sa pédagogie qui allie ordre et liberté. Elle a voulu comprendre l’enfance pour mieux appréhender la vie. Et ce qui intéresse dans cette expérience théâtrale ce n’est pas tant ces outils pédagogiques que son merveilleux pari sur les promesses de l’enfance. Ainsi, Maria Montessori perturbe, car elle ne se penche pas seulement sur l’enfant mais sur l’humanité dans son ensemble, et nous éclaire sur l’étoffe dont est faite la vie. Seule-en-scène, sous le regard tout en nuances de Charles Berling, Bérengère Warluzel nous fait (re)découvrir cette femme qui a pris le parti de l’amour et de la liberté.

Production Châteauvallon-Liberté

Première au Liberté

D’après Maria Montessori
Mise en scène, décor et lumières Charles Berling
Adaptation et interprétation Bérengère Warluzel
Dramaturgie et collaboration artistique Amélie Wendling
Création sonore et visuelle Vincent Berenger
Régie lumière et régie générale Yoan Ruffato
Régie plateau Darshan Laborde
Régie son Sébastien Edonel

Production Châteauvallon-Liberté, scène nationale 

Photos © Guillaume Castelot — Châteauvallon-Liberté, scène nationale
Texte © Bérengère Warluzel

Nous remercions Nadia Hamidi, fondatrice et directrice de l’école Montessori Internationale de Nice et Présidente de l’Association Montessori de France.

Maria Montessori

Docteur en médecine, psychiatre, anthropologue, militante socialiste et féministe au début du XXe siècle, Maria Montessori fut précurseur dans l’observation et la compréhension de l’enfant. Parmi les premiers pédagogues à concevoir une science de l’éducation, elle élabore sa pédagogie tout au long de sa vie, évoluant en fonction de ses formations, voyages, rencontres mais surtout de ses observations d’enfants.

Maria Montessori nait en 1870 en Italie (Chiaravalle). Fille unique, elle arrive avec ses parents à Rome à l’âge de 5 ans.

Son goût pour les sciences la pousse à entreprendre des études de médecine, pour lesquelles elle devra se battre, la faculté de Rome étant à l’époque réservée aux hommes. À 26 ans, elle devient une des premières femmes médecins en Italie et continuera à se former tout au long de sa vie, en suivant des licences en philosophie, psychologie et biologie.

Jeune femme engagée, elle participe activement
à la campagne menée en faveur des droits politiques et sociaux des femmes et représente son pays au Congrès international pour les droits de la femme à Berlin en 1896.

En 1897, Maria Montessori obtient un poste dans la clinique psychiatrique de l’Université de Rome et côtoie des enfants et des adultes malades mentaux, internés dans des salles communes sans aucune activité. Cette situation déclenchera ses réflexions sur l’enfant, soutenant que les solutions ne sont pas nécessairement médicales et chimiques, mais plutôt éducatives. Au Congrès Pédagogique de Turin, en 1898, elle déclare : « Les enfants déficients ne sont pas des hors la loi, ils ont des droits. Ils ont droit à tous les bienfaits de l’instruction. Nous devons permettre à ces malheureux de se réintégrer dans la société, de conquérir leur place et leur indépendance dans un monde civilisé retrouvant ainsi leur dignité d’être Humain. »

Les bases sont posées et lorsque la direction de l’école orthophrénique de Rome lui est confiée, ses recherches vont s’enraciner dans les pas de deux grands médecins-éducateurs français : Jean Itard et Edouard Seguin. Elle reprend et développe du matériel élaboré pour les déficients sensoriels (lettres rugueuses, etc.). Les enfants dont elle a la charge apprennent à lire et à écrire et réussissent les examens italiens au même titre que les autres élèves. Maria Montessori s’interroge alors sur les obstacles qui empêchent « les enfants sains et heureux des écoles ordinaires » à ne pas dépasser  ses « malheureux élèves » lors de ces tests.

En 1907, dans la première « Casa dei Bambini » où elle prend en charge des enfants de 3 à 6 ans d’un quartier pauvre de Rome (San Lorenzo), Maria Montessori créa un véritable laboratoire de recherche pédagogique où elle ira de surprises en découvertes et de découvertes en élaboration de la « pédagogie Montessori » (environnement préparé, phénomène de l’attention, libre choix de l’activité, étalonnage du matériel autocorrectif, etc.).

Maria Montessori aura vécu les deux guerres mondiales du XXe siècle, qui lui ont fait fuir l’Italie pour aller vivre aux États-Unis, en Espagne, en Angleterre, aux Pays-Bas, en Inde, etc.

Partout où elle voyage, elle continue à observer les enfants, percevant leurs besoins fondamentaux et universels. Pour raconter ses découvertes, elle rédige de nombreux ouvrages, certains rentrant davantage dans la pratique, d’autres dans l’analyse pédagogique.

En 1937, elle proposera la fondation du Parti Social de l’Enfant, convaincue qu’une véritable réforme éducative doit être engagée car la grande mission sociale consistant à assurer à l’enfant justice, harmonie et amour revient à l’éducation. Il s’agit selon elle de la seule façon de bâtir un monde nouveau et de construire la paix.

En 1949, Léon Blum lui remet la légion d’honneur.
Maria Montessori meurt en 1952, à l’âge de 81 ans, aux Pays-Bas

Charles Berling — Mise en scène

Charles Berling découvre le théâtre à quinze ans en jouant au sein de l’atelier théâtre, créé par son frère aîné, Philippe Berling, au lycée Dumont-d’Urville de Toulon. Après son baccalauréat, il suit une formation de comédien à l’INSAS à Bruxelles puis intègre la Compagnie des Mirabelles et le théâtre national de Strasbourg dirigé par Jean-Louis Martinelli. En parallèle à une carrière théâtrale, aux côtés des plus grands metteurs en scène (Moshe Leiser, Jean-Pierre Vincent, Bernard Sobel, Claude Régy, Alain Françon, Jean-Louis Martinelli, Ivo van Hove etc…), Charles Berling se fait connaître du grand public par le film Nelly et Monsieur Arnaud de Claude Sautet et surtout, en 1996, Ridicule de Patrice Leconte. Il alterne films populaires (Père et Fils, 15 août, Le Prénom, Trois jours et une vie…) et d’auteur (L’Ennui, L’Heure d’été…). Ce comédien revendiquant sa liberté s’investit dans des aventures collectives qui lui donnent l’opportunité de prendre des responsabilités dépassant celle du jeu. Avec plus de cinquante rôles au théâtre, tout autant au cinéma, et plusieurs mises en scène, sa curiosité et ses désirs éclectiques ne tarissent pas et l’amènent sur le terrain de l’écriture (son premier roman, édité en 2011, empruntant son titre à Camus, Aujourd’hui, maman est morte, reçoit le prix Jean-Jacques Rousseau ; Un homme sans identité est lui édité en 2018) et sur celui de la chanson avec son album Jeune Chanteur, en 2012, dont il écrit la totalité des textes et à l’occasion duquel il se produit sur scène.

Il aborde la mise en scène dans les années 1990 et monte Dreck de Robert Schneider en 1997, puis Caligula d’Albert Camus, Fin de Partie de Samuel Beckett, Gould Menuhin spectacle théâtral et musical, Calek en 2014. En 2015, Charles Berling est à l’affiche de Vu du pont d’Arthur Miller, mis en scène par Ivo van Hove à l’Odéon – Théâtre de l’Europe, un rôle pour lequel il obtient le Molière du comédien dans un spectacle de théâtre public. Il a joué dans la reprise d’ART de Yasmina Reza, au Théâtre Antoine à Paris et en tournée partout en France en 2018-2019. Après la mise en scène et l’interprétation principale de la pièce de Bernard-Marie Koltès, Dans la solitude des champs de coton en 2016, il a conçu et mis en scène une adaptation du film de Jean-Luc Godard, Vivre sa vie en 2019.

En 2010, la ville de Toulon confie à Charles et Philippe Berling la direction du Théâtre Liberté qui ouvrira ses portes au public en 2011. En 2015, le Liberté, alors co-dirigé par Charles Berling et Pascale Boeglin-Rodier, et Châteauvallon dirigé par Christian Tamet, obtiennent ensemble le label Scène nationale, sous le nom de Châteauvallon-Liberté, scène nationale. En 2018, ces deux institutions culturelles majeures de l’agglomération toulonnaise sont réunies par une même direction, assurée depuis 2020 par Charles Berling seul, tout en poursuivant son activité artistique.

Au théâtre, il joue dans l’une des dernières créations de Pascal Rambert Deux amis (première le 9 juillet 2021 au Festival d’été de Châteauvallon). Il a créé avec Bérengère Warluzel au Festival OFF d’Avignon 2021 Fragments d’après des textes d’Hannah Arendt. Il tourne dans toute la France avec Les Parents terribles, d’après Jean Cocteau dans une mise en scène de Christophe Perton, aux côtés de Muriel Mayette-Holtz, Marie de Medeiros, Émile Berling et Lola Créton. Il a tourné pour la télévision dans l’adaptation de L’Île aux trente cercueils de Maurice Leblanc et partage l’affiche avec Isabelle Adjani et Pierre Niney dans Mascarade réalisé par Nicolas Bedos et présenté hors-compétition au Festival de Cannes 2022. En 2023, il tourne pour France Télévision le téléfilm L’Enchanteur, réalisé par Philippe Lefebvre, et présenté en compétition lors du dernier Festival de la Fiction de La Rochelle. Il adapte au théâtre avec Philippe Collin et Violaine Ballet le podcast à succès de France Inter : Léon Blum, une vie héroïque. Cet évènement théâtral participatif a été présenté pour la première fois au Printemps des Comédiens 2023 à Montpellier.

Il sera en tournée dès 2024 avec de nombreuses dates dont une à Châteauvallon-Liberté, scène nationale et une à l’Assemblée nationale. En 2023, il joue également aux côtés d’Emmanuelle Bercot dans la nouvelle création d’Ivo van Hove Après la répétition /Persona, créée au Printemps des Comédiens. En mai 2024 il présentera Montessori, mise en scène adaptée et interprétée par Bérengère Warluzel et en mars 2025, sa nouvelle création Lost and Found / C’est si simple l’amour d’après l’oeuvre de Lars Norén à Châteauvallon-Liberté, scène nationale.

Bérengère Warluzel — Adaptation et interprétation

Formée et diplômée du conservatoire d’art dramatique de Toulon, Bérengère Warluzel intègre ensuite l’ERACM. Elle travaille régulièrement au Théâtre National de Nice sous la direction de Daniel Benoin, au Théâtre National de Gennevilliers, à La Criée, Théâtre national de Marseille.

Au fil de sa carrière elle entretient un rapport particulier à la musique. Elle se produit en tournée dans toute la France dans le rôle de George Sand dans un spectacle musical, et interprète régulièrement des rôles dans des opérettes telle que La Veuve Joyeuse, ou comme récitante dans L’Histoire du soldat. Elle travaille également pendant 5 ans comme assistante metteur en scène et régisseur à l’Opéra National de Paris. Elle met en scène un spectacle musical à l’opéra Royal de Versailles autour de la reine Marie-Antoinette. Elle est également assistante du chef d’orchestre Daniel Oren, sur ses productions en Europe, en Asie et en Amérique. En 2020 elle crée un montage de textes d’Hannah Arendt Fragments dont la première s’est tenue en juillet 2021 à Avignon. La pièce affiche une cinquantaine de représentations et poursuit sa tournée. En 2023, elle participe à l’adaptation théâtrale du podcast à succès de France Inter : Léon Blum, une vie héroïque, écrit et réalisé par Philippe Collin, Violaine Ballet et Charles Berling. Cet évènement théâtral participatif a été présenté pour la première fois au Printemps des Comédiens 2023 à Montpellier. Il sera en tournée dès 2024 avec de nombreuses dates dont une à Châteauvallon-Liberté, scène nationale et une à l’Assemblée nationale. Elle présentera sa nouvelle création Montessori d’après l’oeuvre de Maria Montessori et mis en scène par Charles Berling. La première aura lieu au Liberté, scène nationale le 14 mai 2024. En mars 2025, elle jouera dans Lost and Found & C’est si simple l’amour d’après l’oeuvre de Lars Norén et mis en scène par Charles Berling.

Amélie Wendling — Collaboration artistique et dramaturgie

Diplômée d’HEC, Amélie Wendling a été pendant 20 ans la collaboratrice de Lars Norén sur tous ses spectacles créés sur les scènes francophones (Guerre, À la mémoire d’Anna Politkovskaïa, Pur etc.). Elle a travaillé avec Jean Yves Dubois, Yannis Kokkos (Onysos le Furieux de Laurent Gaudé), Jean Louis Martinelli (Kliniken, Détails et Calme de Lars Norén, Une maison de poupée d’Ibsen, Phèdre et Britannicus de Racine, L’Avare de Molière…). Depuis 2003, elle co-traduit les pièces de Lars Norén. Elle enseigne également en Licence 3 à la Sorbonne Nouvelle. Amélie Wendling participe également à la collaboration artistique du diptyque C’est si simple l’amour et Lost and Found de Lars Norèn, mis en scène par Charles Berling, qui sera présenté pour la première fois en mars 2025 à Châteauvallon-Liberté, scène nationale.

Comment l’idée de ce spectacle est-elle venue ?

Charles Berling — Avec Bérengère Warluzel, qui a fait avec moi Fragments, un montage de textes d’Hannah Arendt, nous nous intéressons aux femmes du XXe siècle qui ont transformé la société. On a évoqué Maria Montessori. Et moi qui étais autrefois très mauvais à l’école, qu’on traitait d’idiot, de paresseux, moi que le théâtre a sauvé de cette pédagogie normative, j’ai découvert une femme médecin qui avait une vision révolutionnaire de l’enfant et de l’éducation. Et ça m’a fait rêver.

En quoi était-elle révolutionnaire, cette fameuse méthode ?

Charles Berling — C’était à l’époque tout à fait nouveau de voir en l’enfant le régénérateur de la société, de l’observer pour appréhender le monde à venir, de ne pas essayer d’en faire une reproduction de nous-mêmes.

Il n’y aura que quatre représentations de Montessori en mai… C’est peu.

Charles Berling — Ce n’est qu’une première étape. J’ai la chance de vivre dans un théâtre où je dispose de temps. Ça fait plus de trois ans que Bérengère joue Fragments. Pour Montessori, c’est une première session, je transformerai encore. Je suis sûr que ce sera passionnant, mais il faut élaborer une forme théâtrale, trouver une tension dramatique. Représentation après représentation, ça se précise. C’est de l’artisanat.

 

Propos recueillis par Jacques Nerson — Théâtral magazine, mai 2024