Noire 1280
Installation immersive

Noire

La vie méconnue de Claudette Colvin

Avec cette installation immersive réalisée par Stéphane Foenkinos et Pierre-Alain Giraud à partir du livre Noire, La vie méconnue de Claudette Colvin de Tania de Montaigne, plongez dans l’Amérique ségrégationniste des années 50, à la découverte d’une histoire qui a provoqué la naissance du mouvement des droits civiques.

Noire 1000
Lieu
  • Le Liberté
  • Salle Fanny Ardant
Accessibilité
  • Pour toutes et tous
    • dès 15 ans
  • Dates Durée 40 min
  • samedi 16 décembre 2023 11:00
  • dimanche 17 décembre 2023 11:00
  • mardi 19 décembre 2023 17:00
  • mercredi 20 décembre 2023 17:00
  • jeudi 21 décembre 2023 17:00
Tarif de 2 à 5 €
Informations pratiques

Montgomery, Alabama, 2 mars 1955. Dans le bus de 14h30, Claudette Colvin, 15 ans, refuse de céder sa place à un passager blanc. Malgré les menaces, elle reste assise. Arrêtée puis incarcérée, elle décide d’attaquer la ville et de plaider non coupable. Son action est inédite. Pourtant, personne ne se souviendra de son nom. Neuf mois plus tard, Rosa Parks fera le même geste et entrera dans l’histoire. Munis d’un casque de réalité augmentée, nous devenons témoins de cette histoire. Devant nous, le fantôme de la jeune Claudette prend vie pendant qu’un montage mêlant archives et vidéos nous permet de comprendre le geste de l’adolescente, mais aussi son oubli. Plus de soixante ans après les faits, ce dispositif le remet en lumière et rend hommage à tous ces combats menés pour les droits humains. Cette installation immersive a été présentée au Centre Pompidou au printemps 2023.

D’après Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin de Tania de Montaigne publié aux éditions Grasset 2015
Installation immersive réalisée par Stéphane Foenkinos et Pierre-Alain Giraud
Avec Tania de Montaigne, Rebecca Naluyange, Keril Daniel Elombe, Véronique Bailey, Jona Kraft, Sergei Laev, Mbongiseni Kunene, Craig Thomas Crawford et John Harve Jackson
Rôles secondaires Claudia Nen MBocka, Jackline Kyasimire, Samuel Bataille, Kelly Young, Baratte Elise, Gabrielle Myriam, Lex Lucien Oyedele, Jefferson St Surin, Nokwanda Precious Zwane, Nokwanda Precious Zwane, Volodymyr Vlasenko, Serafima Efremova, Varvara Efremov, Pierre-Alain Giraud, Emanuela Righi, Stefano Lanini, Jimmy Delorneaux, Nadezhda Korotaeva, Imiye Franck Eleazar Yaro, Sandra Winnie Nangobya, Anthony Rene et Jean Mercier
Voix mandarin Gwei Lun-mei
Création lumière Philippe Berthomé
Création sonore Nicolas Becker et Valgeir Sigurðsson
Assistanat à la création sonore Tristan LeroyThalisa Jagt et Rose Genermont
Musique Valgeir Sigurðsson
Ingénierie son Nikolai Aleksandrov
Régie Bigem Nabumrung
Scénographie Laurence Fontaine
Direction technique Mathieu Denuit
Ingénierie système Pierre-Luc Denuit
Direction financière Guil Ymar
Direction de post production Pierre-Alain Giraud
Artiste 3D Louis Moreau
Développement 3D/Unity Alban Niemaz
Assistanat à la mise en scène Adélie Saudreau
Assistanat à la scénographie Céline Coffin
Assistanat à la production Oumayma El Amraoui et David Coué-Marsh
Relations publiques Benjamin Saudreau
Ingénierie son tournage 2D Xavier Jacquo
Maquillage tournage 2D Violeta Cuadra Brito

Production déléguée Novaya, Pierre-Alain Giraud et Emanuela Righi
Coproduction Flash Forward Entertainment

Installation produite par Novaya en partenariat avec le Centre Pompidou

Photos © Novaya
Texte © Vanessa Asse

« Qu’y a-t-il après la femme noire ?
Personne n’est revenu pour le dire. »

Le sujet est brûlant. Aujourd’hui où l’essentialisation des genres et des couleurs est au centre des débats, il nous semble plus que crucial d’accompagner le grand public vers l’histoire de Claudette Colvin, véritable métonymie de l’Histoire des noirs aux États-Unis. De se faire le relais de son acte héroïque oublié, de faire comprendre pourquoi il a été oublié, et de rendre hommage à d’autres combats qui ont accompagné la bataille des droits civiques.

Grâce à la réalité augmentée, qui permet d’unir comme aucune autre technologie notre présent aux fantômes du passé, l’histoire de Claudette peut devenir notre histoire, entrer dans nos souvenirs comme un moment «vécu» de notre vie. Nous pouvons tour à tour voir avec ses yeux, entendre sa voix résonner dans nos pensées, la soutenir face à ses bourreaux, face à notre propre conscience. Le dispositif est simple, au service du récit. Nous avons imaginé avec notre scénographe, Laurence Fontaine, un espace minimaliste sur un plateau nu, où des objets suspendus, en équilibre, suggèrent par leur présence la fragilité d’une histoire à reconstruire. Sur l’écran de cinéma, des montages mêlant archives, vidéos, bandes-annonces et images originales concourent à accompagner les spectres de Claudette Colvin et Tania de Montaigne dans la reconstruction de ce monde. […]

La musique aussi est essentielle dans Noire, agissant comme la bande-son de cette époque troublée. Ainsi sont convoquées, Billie Holiday, Nina Simone, Mahalia Jackson ou encore Etta James. Leurs mélodies et mélopées ont accompagné le mouvement des droits civiques et amplifient le caractère immersif et émotionnel. […] Concernant la reconstitution partielle du procès de Claudette, c’est un écho direct au livre de Tania. Il n’y a aucune trace réelle de ces moments aussi tragiques que décisifs, raison pour laquelle nous avons voulu redonner même fictivement et furtivement une voix à Claudette Colvin. Peu à peu, le tout conduit le spectateur à l’identification qui sous-tend le récit de Noire, et a valeur d’expérience pour se retrouver dans la peau d’un noir de l’Alabama dans les années 50. Et qui mieux que son auteur pour susurrer à leur oreille : « Désormais, vous êtes noir… » ?

Car oui, l’atout essentiel de cette expérience reste un auteur au cœur de son propre texte. Tania de Montaigne a la présence rare des débutants qui ne se rendent pas compte de leur charisme. Sans jamais forcer, de sa voix profonde, elle réhabilite l’acte et par là même, la vie d’une jeune fille de 15 ans. […] À la suite de la publication du livre, de nombreux établissements scolaires ont sollicité Tania de Montaigne pour venir s’exprimer sur cette histoire et cette période. Le caractère pédagogique ou éducatif de Noire se poursuivra avec cette œuvre immersive, dans ce même souci de devoir de mémoire qui nous est cher. Avec Noire, le désir de rendre hommage à Claudette Colvin à travers les mots de Tania est devenu une nécessité.

Claire Chazal — Votre pièce Noire, la vie méconnue de Claudette Calvin, sur la ségrégation raciale aux États-Unis dans les années 1950, devient une installation immersive (déjà présentée à Beaubourg). En quoi s’insère-t-elle dans le thème de la croyance ?

Tania de Montaigne — D’abord parce que l’histoire que j’ai voulu raconter lutte contre les préjugés racistes… Elle montre comment une très jeune fille noire, qui refuse de laisser sa place à un blanc dans le bus, mène un combat contre l’idée répandue dans un État comme l’Alabama, que les blancs et les noirs ne sont pas égaux. Elle fait changer les mentalités comme le fera 9 mois plus tard Rosa Parks.

Claire Chazal — Mais en quoi cette réalité augmentée, mise au point par Stéphane Foenkinos et Pierre-Alain Giraud accentue-t-elle la prise de conscience ?

Tania de Montaigne — Parce que l’innovation technologique va permettre à des petits groupes (de 10 personnes), de recréer le principe d’un collectif immergé dans une réalité. Chacun participe à l’action, pénètre dans la lutte, y croit vraiment. Il n’y a plus la distance de la scène. Personne ne peut dire : je n’étais pas là, je ne suis pas américain.

Claire Chazal — Et c’est un message politique plus fort ?

Tania de Montaigne — Ce n’est pas un tract, je ne veux pas donner de leçon, chacun est libre. Mais les personnages ne sont plus incarnés, ils deviennent réels ! Y croire, pour ne plus reproduire sans être pris en otage…

Claire Chazal — Dans L’Assignation, sorte de conférence spectacle (tirée d’un roman paru en 2018), vous vous en prenez, avec humour parfois, à l’idéologie identitaire. Là aussi vous nous faites réfléchir sur ce que croit la société.

Tania de Montaigne — Dans ce texte, nous avançons ensemble. Ce n’est pas solennel, je ne prétends pas détenir la vérité, je ne suis pas la seule à réfléchir.

Claire Chazal — Vous dites : « Je me souviens du temps où je n’étais pas Noire mais noire ». Cela veut dire que vous vous opposez et refusez les nouvelles croyances (qui nous viennent souvent des États-Unis) selon lesquelles chacun se réfère forcément à une communauté.

Tania de Montaigne — J’aime qu’il y ait des déplacements permanents, des contradictions… Cela permet de passer d’évidences pures, de croyances donc, à des réalités différentes. Ce qui paraît indiscutable devient plus nuancé…

Claire Chazal — Et donc cela permet de combattre les préjugés et beaucoup de fausses croyances.

Tania de Montaigne — Oui cela me paraît très important parce que certains préjugés peuvent avoir des conséquences anodines. Mais d’autres peuvent entraîner le pire, la radicalité, le fascisme… Croire peut apporter de l’espoir et donner un sens à sa vie. Mais cela peut aussi déboucher sur un communautarisme dangereux, voire au totalitarisme !

Entretien réalisé en juillet 2023 par Claire Chazal,
Journaliste et présidente du Liberté, scène nationale

Tania de Montaigne

Tania de Montaigne est auteure de romans et d’essais dont Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin (Grasset) prix Simone Veil 2015 et L’Assignation, les Noirs n’existent pas (Grasset), Prix de la laïcité 2018. Depuis 2019, Tania de Montaigne évolue sur scène sous la direction de Stéphane Foenkinos qui a adapté et mis en scène Noire (créée au Théâtre du Rond-Point en juin 2019) et L’Assignation (créée au Théâtre National de Bretagne à Rennes en septembre 2021). Tania de Montaigne est artiste associée au TNB. En parallèle de l’écriture littéraire, Tania de Montaigne compose et chante. Elle est également un des 10 membres fondateurs du Collège Citoyen de France et intervient régulièrement en atelier scolaire, social et carcéral. Elle tient également une chronique mensuelle dans le journal Libération en alternance avec trois autres écrivains.

Stéphane Foenkinos

Stéphane Foenkinos est un ancien professeur d’anglais : sa rencontre avec Jacques Doillon fait de lui un directeur de casting, profession qu’il exerce pendant plus de 20 ans sur plus de 80 films (de Godard à Valérie Lemercier en passant par François Ozon, Woody Allen, Terrence Malick ou les franchises James Bond et Harry Potter).

Stéphane Foenkinos est un adepte des duos. Il en forme un au cinéma avec son frère, l’écrivain David Foenkinos, avec lequel il a co-réalisé trois longs-métrages : La Délicatesse avec Audrey Tautou et François Damiens, nommé aux Césars dans la catégorie du meilleur premier film et sorti dans 30 pays ; Jalouse avec Karin Viard, nommée aux Césars dans la catégorie de la meilleure actrice, et Les Fantasmes. Au théâtre, il forme un duo Tania de Montaigne dont il adapte et met en scène le travail  depuis 2019, avec Noire, L’Assignation et Switch. Ensemble, ils créent également le documentaire Sale Race pour France Télévision.

Ayant à cœur la transmission, il intervient régulièrement dans le milieu associatif, scolaire, universitaire et carcéral. Il co-réalise les bandes annonces du festival Série Mania, incarne 55 écrivaines ou femmes politiques pour la série d’exposition « 55 politiques ». Il anime des stages de comédiens, des rencontres et débats en festival et œuvre régulièrement depuis 2013 comme metteur en scène et directeur artistique sur de nombreux événements pour la maison Hermès. Après l’animation, l’écriture et la réalisation, « Noire », exposition immersive, est sa première incursion dans l’univers de la réalité augmentée.

Pierre-Alain Giraud

Pierre-Alain Giraud est réalisateur d’œuvres immersives, documentaires, courts-métrages de fictions et films d’animation. Diplômé de l’école d’ingénieur d’Arts et Métiers et de la London Film School, il est lauréat en 2021 du parcours d’auteur du CNC, avec Yolande Zauberman comme marraine.

Co-fondateur de la société Novaya, qui invente de nouvelles formes narratives immersives et
développe les technologies associées, il coréalise et coproduit Solastalgia, expérience immersive sélectionnée au Festival de Sundance en 2020. Il collabore avec de nombreux musiciens, entre autres avec Björk (Sortie vidéo 2023), Sigur Rós, Valgeir Sigurðsson, Nico Muhly ou Anna Thorvalsdottir.

Il co-écrit une adaptation théâtrale de La dame aux Camélias avec Arthur Nauzyciel et Valérie Mréjen, dont il réalise les films projetés sur scène lors du spectacle. Cela prolonge leur collaboration sur
l’adaptation au théâtre du roman L’Empire des lumières, à partir duquel il réalise aussi un court-métrage sélectionné dans plusieurs festivals internationaux. Il co-réalise trois films d’animation avec Gabríela Friðriksdóttir, présentés à la Biennale d’art contemporain de Lyon (2013), de Venise (2015). De 2012 à 2016, il réalise un documentaire et plusieurs clips pour le compositeur Valgeir Sigurdsson (producteur de Björk). Il co-réalise et coproduit avec Anne Brochet un long métrage de fiction, Rêve de mouette.

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